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L'autre fille – Annie ERNAUX

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NIL, 3 mars 2011, 77 pages

Présentation de l’éditeur :

Yvetot, un dimanche d’août 1950. Annie a dix ans, elle joue dehors, au soleil, sur le chemin caillouteux de la rue de l’École. Sa mère sort de l’épicerie pour discuter avec une cliente, à quelques mètres d’elle. La conversation des deux femmes est parfaitement audible et les bribes d’une confidence inouïe se gravent à jamais dans la mémoire d’Annie.

Avant sa naissance, ses parents avaient eu une autre fille. Elle est morte à l’âge de six ans de la diphtérie. Plus jamais Annie n’entendra un mot de la bouche de ses parents sur cette sœur inconnue. Elle ne leur posera jamais non plus une seule question.

Mais même le silence contribue à forger un récit qui donne des contours à cette petite fille morte. Car forcément, elle joue un rôle dans l’identité de l’auteur. Les quelques mots, terribles, prononcés par la mère ; des photographies, une tombe, des objets, des murmures, un livret de famille : ainsi se construit, dans le réel et dans l’imaginaire, la fiction de cette  » aînée  » pour celle à qui l’on ne dit rien.

Reste à savoir si la seconde fille, Annie, est autorisée à devenir ce qu’elle devient par la mort de la première. Le premier trio familial n’a disparu que pour se reformer à l’identique, l’histoire et les enfances se répètent de manière saisissante, mais une distance infranchissable sépare ces deux filles.

C’est en évaluant très exactement cette distance que l’auteur trouve le sens du mystère qui lui a été confié un dimanche de ses dix ans.

Mon avis :

Comment gérer émotionnellement la mort de son enfant de 10 ans ? Les parents d’Annie ont fait le choix de refondre leur famille à l’identique, cachant au second enfant l’existence (et la mort) du premier.

Dans sa lettre à sa soeur défunte, l’auteure nous parle de ses parents, de son rapport à eux. Un rapport forcément compliqué et silencieux.

Une très belle lettre pour pardonner le secret de famille échappée un dimanche.

L’image que je retiendrai :

Celle du lit dans lequel dort Annie et dans lequel avait dormi sa soeur avant elle.

Une citation :

« Lutter contre la longue vie des morts. » (p.77)

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