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L’insouciance – Karine TUIL

Gallimard, 18 août 2016, 528 pages

Présentation de l’éditeur :

En 2009, de retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes au cours d’une embuscade tendue par les talibans, le lieutenant Romain Roller souffre d’un syndrome de stress post-traumatique. Durant le sas de fin de mission qui a lieu sur l’île chypriote de Paphos, il a une liaison passionnée avec une jeune journaliste et romancière, Marion Decker. Il revoit également Osman Diboula, un ancien éducateur social, fils d’immigrés ivoiriens, qu’il a connu pendant son enfance à Clichy-sous-Bois, et devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité montante de la vie politique française.

Le retour en France de Roller auprès de sa femme et de son fils se passe mal. Seule sa liaison avec Marion Decker parvient à le sortir de sa torpeur, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’elle est mariée à l’un des plus grands chefs d’entreprise français, le flamboyant François Vély, fils d’un ancien ministre juif ayant participé à la résistance dans le maquis de l’Yonne. Grand patron de presse, François Vély est un homme d’influence. Mais à la veille d’une importante fusion avec une société américaine, il pose pour un magazine sur une oeuvre d’art représentant une femme noire et il est accusé de racisme. Son empire est ébranlé par ce scandale, qui inonde les réseaux sociaux. Osman Diboula va prendre sa défense, bien qu’il soit lui-même récemment tombé en disgrâce aux yeux du Président de la république, qui l’a écarté brutalement de ses proches conseillers. Le destin de ces trois hommes se trouve alors inextricablement lié…

Mon avis :

Une grande fresque, passionnante, où les personnages se croisent et se recroisent.

Je les ai aimés, tous, dans leurs différences, leurs petites lâchetés  et leurs conflits.

Ils ont pourtant des postes clés, mais une inattention va les précipiter dans un avenir incertain.

Les scènes d’amour sont passionnelles, comme si les seuls points d’encrage des personnages étaient ces moments de corps à corps passionnels.

Il y est question de la guerre en Irak où personne ne fait confiance à personne ; du racisme anti-noir et anti-juif, ainsi que du cyber-harcèlement ; du retour des ultras religieux.

Les personnages grandissent dans la douleur : oui, le temps de l’insouciance est fini pour eux.

L’auteure termine toutefois son roman sur une note optimiste : c’est grâce à la famille que nous pouvons surmonter les épreuves.

L’image que je retiendrai :

Celle du Grand Cercle dans lequel rêve d’entrer Osman.

Quelques citations :

« – Les blessures d’humiliation sont les pires, rétorqua son père. Pourtant, on n’en meurt pas. Regarde-moi, je suis toujours là… » (p.218)

« On voit mieux certains choses avec des yeux qui ont pleuré. » (p.219)

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » (p.307)

« Peut-être qu’il ne faut pas chercher à être heureux mais seulement à rendre la vie supportable. » (p.509)

Merci Eve pour ce très bon conseil de lecture.

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