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Niels – Alexis RAGOUGNEAU

Ce roman n’est pas le troisième volet des enquêtes du père Kern, rien à voir. L’auteur change de personnage et d’époque mais toujours pour mettre en lumière certains aspects peu reluisants de la société qu’il décrit.

Le titre du roman porte le nom du personnage principal, même si ce prénom est fort peu prononcé dans le roman, le narrateur préférant utiliser son nom de famille Rasmussen. Celui-ci part à la recherche du passé de son ancien ami Jean-François Cannonier qui a écrit 3 pièces avant-guerre que Rasmussen a mis en scène.

Jean-François est en prison et attend son procès pour Collaboration. A travers les témoignages de ceux qui l’ont connu, Rasmussen tentera de percer le mystère de l’ami qu’il croyait connaître.

Encore une fois, j’ai aimé le décor de ce roman de l’auteur : l’immédiate après-guerre, quand les fusils sont encore fumant des derniers coups échangés ; que les Collaborateurs tentent d’échapper au pire.

J’ai aimé les deux chapitres façon pièce de théâtre, ce qui rend moins aride les dialogues entres les personnalités lors de ces deux scènes.

J’ai aimé le personnage de Niels qui jamais ne se glorifie d’être un Résistant dans son pays : il sait ce que lui a coûté son combat, et tous ses compagnons sont morts à cause de leurs actions glorieuses une fois la paix revenu. La Résistance est aussi faite de bassesses que l’on assume, ou pas.

J’ai aimé détester le personnage de Canonnier qui s’enferme dans son désert de création jusqu’à la lie.

Je me demande, au final, si ce roman n’est pas un roman sur Louis Jouvet qui a habillement passé les années de guerre en Amérique Latine pour un théâtre engagé….

Un grand roman qui oscille entre ombre et lumière : comme au théâtre où le régisseur choisi ce qu’il éclaire sur scène.

Merci, M. Ragougneau pour ce roman intelligent, comme toujours. Comme écrit dans votre dédicace, j’ai hâte de retrouver le père Kern qui a encore des choses à dire, ou un autre nouveau personnage.

L’image que je retiendrai :

Celle de Rasmussen se promenant dans son ancien théâtre, une servante à la main.

Viviane Hamy, 31 août 2017, 355 pages

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