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Ceci n’est pas un fait divers – Philippe BESSON

L’auteur nous plonge dans le drame dès les premières lignes et l’appel de la petite soeur à son frère.

J’ai aimé suivre le cheminement du frère narrateur qui revient sur le drame et les conséquences pour sa soeur et lui.

Car les enfants de la femme morte sous les dix-sept coups de couteau de son mari n’ont pas le temps d’absorber et de digérer le drame. Il faut penser à l’enterrement, au logement, aux vêtements…

J’ai aimé le grand-frère protecteur mais qui ne sait pas protéger tout à fait sa petite soeur.

J’ai aimé son regard distancié sur ce père qui ne l’aimait pas, et j’ai eu de la peine pour sa soeur qui elle aime encore ce père bourreau.

J’ai aimé que le fils cherche à expliquer le geste du père : cette peur de l’abandon qui le met en colère, le rend vulnérable.

J’ai apprécié que le père soit un homme moyen qui réfléchit peu et soit déçu par la vie et la réalité de sa vie. Un homme qui a peur et le cache en faisant vivre sa famille dans la peur.

J’ai apprécié que l’auteur insiste sur tout ce que le fils doit abandonner : non seulement l’Opéra mais aussi ses années de formation, ses douleurs corporelles, ses examens passés chaque année. Tout ça en un seul coup de fil suite à des coups de couteau.

J’ai apprécié que l’auteur décrive la dérive psychique de la soeur, la rendant palpable.

Un roman sur un homme qui n’a pas seulement tué sa femme, mais ses enfants aussi.

Quelques citations :

… qu’il avait eu l’impression que je refusais l’obstacle. Avec la mort, ça ne servait évidemment à rien. Elle lançait les dés et on était obligé de jouer.

Ca avait existé, je n’avais pas rêver.

(Un détail en passant : le mot « féminicide » est souligné en rouge dans le traitement de texte que j’utilise, comme le sont les  mots qui n’appartiennent pas au dictionnaire. En fait, ce n’est pas un détail.)

Nous ne devions pas parler d’un meurtre, mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’asseoir sa domination. Et de l’aveuglément de la société. Et de la peur de nommer.

L’image que je retiendrai :

Celle de l’ami du mari qui assiste un jour à une violente dispute du couple, mais n’ose en parler.

Lu sur Liselotte grâce à Netgalley et aux éditions Julliard que je remercie pour leur confiance

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