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Des hommes couleur de ciel – Anaïs LLOBET

Je ne savais pas à quoi m’attendre précisément en ouvrant ce roman, et j’ai reçu un uppercut.

Le récit commence alors qu’une bombe explose dans la cantine du lycée d’Alice, professeur de russe. Sous le choc, elle tient absolument à se rendre sur place pour faire son cour. Mais devant son établissement, le drame lui saute au visage à travers les parents d’élèves la sollicitant. On sent alors toute l’impossibilité d’Alice à répondre, elle qui n’en sait pas plus que ces parents angoissés.

Elle soupçonne bien un de ses élèves tchétchène. Un garçon buté qui se refuse à écrire en russe. Petit à petit, elle n’avait plus lu ses devoirs.

Dans le même temps, Adam est arrêté dans un café et incarcéré avec son cousin, qui tente de le tuer.

Nous suivons parallèlement Alice, la professeur de russe qui vient à grandit en Tchétchénie mais qui se sent pleinement intégrée – excepté quelques petits détails… – et Adam, venu lui aussi de Tchétchénie ou il s’appelait Oumar.

Pourtant, Adam avait une vie sans histoire, plutôt bon élève il avait réussi son baccalaureaat. Et puis sa mère, son frère et son cousin sont arrivés le rejoindre.

J’ai eu de la peine pour la mère d’Adam/Oumar, vieille dame dépressive qui a fait front pendant la guerre dans son pays mais est complétement dépassée.

Hendrick, l’amant d’Alice m’a énervé d’ignorance et de nombrilisme.

J’ai eu parfois du mal à comprendre Alice, qui se clame haut et fort néerlandaise, mais qui reste enraciné à certaines traditions, et qui se demande à qui donner sa loyauté. J’ai aimé cette question sous-jacente de l’auteure : peut-on faire table-rase de son passé, de son pays et de sa culture de naissance ?

J’ai été émue par Adam/Oumar, victime des traditions de son pays, même en Europe. Un jeune homme qui rêvait de mener sa vie comme et avec qui il voulait et que la violence rattrape. Un jeune homme obligé de se cacher, de cacher ce qui fait son être.

J’ai été projetée dans une cellule anti-terroriste, j’ai senti la tension des policiers et la colère des parents de victime, l’incompréhension qui règne.

J’ai découvert la jolie image sur la couleur de ciel utiliser pour remplacer un mot que personne ne prononce car l’idée fait peur.

Un roman terrible sur le terrorisme.

Un roman tragique sur la culture ancestrale comme arme de destruction.

Une citation :

Quand le néerlandais s’enfuit, c’est que tu as laissé le passé absorber le présent. (p.55)

L’image que je retiendrai :

Celle du tee-shirt violet presque rose d’Adam/Oumar.

L’Observatoire, 9 janvier 2019, 224 pages

Plein d’avis sur Babelio qui m’ont donné envie de découvrir ce roman

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