Des orties et des hommes – Paola PIGANI
L’enfance de Pia, c’est courir à perdre haleine dans l’ombre des arbres, écouter gronder la rivière, cueillir l’herbe des fossés. Observer intensément le travail des hommes au rythme des saisons, aider les parents aux champs ou aux vaches pour rembourser l’emprunt du Crédit agricole.
Appartenir à une fratrie remuante et deviner dans les mots italiens des adultes que la famille possède des racines ailleurs qu’ici, dans ce petit hameau de Charente où elle est née.
Tout un monde à la fois immense et minuscule que Pia va devoir quitter pour les murs gris de l’internat.
Et à mesure que défile la décennie 70, son regard s’aiguise et sa propre voix s’impose pour raconter aussi la dureté de ce pays qu’une terrible sécheresse met à genoux, où les fermes se dépeuplent, où la colère et la mort sont en embuscade. Une terre que l’on ne quitte jamais tout à fait.
Ce roman offre une plongée dans la vie d’une famille de baraquis (immigrés italiens) des Charentes. Une vie dans laquelle il y a toujours du pain sur la planche, et pas seulement dans les champs et les étables, mais aussi dans la ferraille.
J’ai eu un peu de mal avec les expressions de la prière chrétienne reprises au fil des phrases, parfois (des siècles des siècles…).
J’ai aimé que la petite fille soit éprise de mots : ceux du dictionnaire, puis ceux du soldat de 14 dont elle a retrouvé la correspondance dans une maison vidée par ses parents.
J’ai été surprise de la découvrir stupéfaite devant Nadia Comaneci, les descriptions de ses mouvements, sa photo qu’elle cache sous son lit d’internat.
J’ai aimé sa découverte de l’Italie, plus grande et en famille.
J’ai aimé son amitié avec Joël, le petit voisin bossu, qu’elle n’oublie jamais, même après que la ferme des parents de Joël ai brûlé.
J’ai aimé le père qui ne cesse de chanter Io sono un povero negro, faisant entrer la musique dans la maison. Musique dont ne pourra plus se passer Pia.
J’ai aimé le renard de la grand mère Nonna, qui revient dans le récit par petites touches.
Un roman riche sur la vie dans les fermes loin des grandes exploitations agricoles. Des petites fermes pleines d’enfants qui, comme le dit la narratrice, faisaient vivre des villages entiers.
L’image que je retiendrai :
Celle du joueur d’harmonica que Pia entend et attend à chaque fois qu’elle revient à l’internat.
Liana Levi, 7 mars 2019, 259 pages
Merci M-D pour le prêt
20 commentaires
Matatoune
Merci pour cette présentation je ne connaissais pas
Alex-Mot-a-Mots
Moi non plus, c’est un prêt d’une amie et une belle découverte.
aifelle
Je l’ai emprunté récemment à la bibli et rendu sans l’avoir lu, faute de temps. Je le réemprunterai.
Alex-Mot-a-Mots
Il n’attend que toi.
keisha41
J’en ai entendu parler sur les blogs (en bien)
Alex-Mot-a-Mots
Je confirme, si on aime ce genre d’univers.
manou
J’avais lu et beaucoup aimé d’elle « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures » mais je n’ai pas encore lu ni noté d’ailleurs celui-ci…A lire d’urgence donc, euh quand je pourrais en fait mais à lire c’est certain vu ce que tu nous en dis.
Alex-Mot-a-Mots
Pas d’urgence, car le roman se déroule dans les années 70. Je note le titre du roman que tu as aimé.
Cristie
Ton billet me tente. C’est un monde que je ne connais pas et j’apprécierai d’en savoir un peu plus !
Alex-Mot-a-Mots
Alors cette lecture est pour toi.
jostein59
Plutôt bon signe pour ma prochaine lecture
Alex-Mot-a-Mots
Alors j’attends ton avis.
coupsdecoeurgeraldine
Pas trop tentée en cette période. Mais je garde en tête au cas où !
Alex-Mot-a-Mots
Une lecture pour les beaux jours.
Violette
pourquoi pas, ça a l’air intéressant et je sais qu’on peut se fier à cette maison d’édition… et à ton avis ^^
Alex-Mot-a-Mots
Merci beaucoup pour ta confiance.
mesechappeeslivresques
Il m’intriguait déjà mais avec ton billet, je le note sur ma liste sans hésitation.
Alex-Mot-a-Mots
Un très beau roman sur ce thème.
Laura
Un découverte grâce à ce billet. Je me note.
Merci
Alex-Mot-a-Mots
Une lecture dépaysante à plus d’un titre.