Dora Bruder – Patrick MODIANO
Je continue mon exploration des grands romans de Patrick Modiano.
J’avais lu et étudié ce roman au lycée. J’en gardais un vague souvenir d’une narration brumeuse.
Ma lecture fut bien différente. D’abord parce que je connais un peu mieux l’auteur pour avoir lu plusieurs de ses ouvrages (ce qui n’était pas le cas lycéenne). Ensuite parce que j’ai eu l’impression de prendre plus de recul avec le texte.
Le narrateur, encore une fois, part à la recherche d’un personnage, ici, le nom d’une jeune fille croisée dans un journal de 1942 qui a fait une fugue.
Etrangement, presque 25 ans plus tard, il trouve des informations sur son père et sa mère, leur adresse et le pensionnat dans lequel elle était interne.
S’intercale des digressions sur les hasards et les coïncidences, mais également sur le père du narrateur.
Quelques citations :
On avait imposé une étoile jaune à des enfants aux noms polonais, russes, roumains et qui étaient si parisiens qu’ils se confondaient avec les façades des immeubles, les trottoirs, les infinies nuances de gris qui n’existent qu’à Paris. Comme Dora Bruder, ils parlaient tous avec l’accent de Paris, en employant des mots d’argot dont Jean Genet avait senti la tendresse attristée.
Depuis, le Paris où j’ai tenté de retrouver sa trace est demeuré aussi désert et silencieux que ce jour-là. Je marche à travers les rues vides. Pour moi elles le restent, même le soir (…). Je ne peux pas m’empêcher de penser à elle et de sentir l’écho de sa présence dans certains quartiers. L’autre soir, elle était près de la gare du Nord.
C’est là son secret (sa fugue). Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnaces, les autorités dits d’occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l’Histoire, le temps – tous ce qui vous souille et vous détruit – n’auront pas pu lui voler.
L’image que je retiendrai :
Pas de couleur verte dans ce roman, mais plutôt la couleur grise.
Lu sur Liselotte
14 commentaires
Eve-Yeshé
Celui-ci, pour moi, c’est son meilleur (du moins parmi tous ceux que j’ai lus jusqu’à présent!) 🙂
Alex-Mot-a-Mots
Un peu différent de son univers habituel, mais pas si éloigné non plus.
aifelle
Je ne l’ai pas lu et j’en entends tellement parler que je finirai par l’emprunter à la bibli.
Alex-Mot-a-Mots
Un roman qui condense tous les thèmes chers à l’auteur.
Marie Gillet
Mais cela fait des années que je n’ai pas lu un Modiano….
Bon 1er mai !
BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
Alex-Mot-a-Mots
Je le découvre petit à petit (ses romans les plus importants en tout cas).
keisha
Pourquoi pas, il est connu et réputé, ce roman.
Alex-Mot-a-Mots
Je trouve qu’il condense les thèmes chers à l’auteur.
Ingannmic
Qu’est-ce que j’ai aimé ce roman, dont j’ai pourtant presque tout oublié, mais ce n’est pas si étonnant avec Modiano. Il a une rare et surprenante capacité à faire preuve d’une grande puissance d’évocation, tout en donnant l’impression de ne rien dire de fort ou d’important (mais ce n’est qu’une impression, évidemment..) !
Alex-Mot-a-Mots
Je partage tout à fait cette impression.
Philsiine Cave
J’ai adoré ce roman très bien écrit, très subtil et d’une grande intelligence. J’ai été impressionnée par la maîtrise du récit, sa forme, ce qu’il est dit et non dit. C’est vraiment de la haute voltige et d’une très grnade classe.
Alex-Mot-a-Mots
Exactement. Je trouve qu’il résume ses autres romans : on y retrouve en condensé tous ses thèmes de prédilection.
Sudisine
Bonjour, je n’accroche pas avec cet auteur….c’est peut-être une erreur.
Alex-Mot-a-Mots
Non, ça viendra….