Auteurs en M

Eureka Street – Robert McLIAM WILSON

A Belfast, aux débuts des années 90, des tas de trios de lettres fleurissent sur les murs : IRA, UVF, UFF, UDA, FTP, FTQ et le nouveau et mystérieux OTG.

Jake Jackson travaille pour une société de recouvrement, mais n’aime pas son travail. Sa fiancée l’a quitté et il vit seul. Les soirs, ils retrouvent ses amis, catholiques ou protestants, peu importe autour d’une bière.

Son ami Chuckie, qui vit toujours chez sa mère, a une idée de génie pour gagner de l’argent.

J’ai aimé les idées loufoques de Chuckie, son beau parlé qui convainc toujours ses interlocuteurs, et surtout les instances européennes prêtes à donner de l’argent à une idée fumeuse.

J’ai aimé Aoirghe, à prononcer comme un éternuement, une amie de Chuckie qui se fâche avec tous ses potes.

J’ai aimé le regard de l’auteur sur cette province dévastée par les bombes sans que jamais aucune des « armées » ne se soient affrontées.

J’ai aimé son humour sur certaines situations du quotidien, et son regard sur les événements.

Une citation :

ce conflit politique, qui avait marqué toute la vie d’adulte de Chuckie, se résumait à un mensonge. Il s’agissait en fait d’une guerre entre une armée qui disait qu’elle ne voulait pas de battre, et un groupe de révolutionnaires qui affirmaient qu’ils ne voulaient pas se battre non plus. (…) Et puis ces armées ne s’entre-tuaient pas souvent. D’habitude, elles se contentaient de tuer les malheureux citoyens qui se trouvaient disponibles pour le massacre. (p.424)

L’image que je retiendrai :

Celle du bar nommé Wigwam dans lequel se retrouve le groupe d’amis et dont la serveuse parle irlandais alors que personne ne la comprend.

Babel, 14 septembre 2022, 496 pages

12 commentaires