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Il n’y a pas de Ajar – Delphine HORVILLEUR

L’étau des obsessions identitaires, des tribalismes d’exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d’après l’auteure, une clé d’émancipation : Emile Ajar.

Cet homme n’existe pas… Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu’on n’est pas que ce que l’on dit qu’on est, qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre.

Delphine HORVILLEUR imagine le fils d’Emile AJAR qui s’en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.

Encore une fois, la seule rabbin de France touche juste, et j’ai senti que cette question de l’identité, ou plutôt des identités lui tenait à coeur.

Un texte court mais fort et non dénué d’humour, dont j’ai surligné pleins de passages.

Quelques citations :

Le refus de Gary de se laisser définir par une identité ou une seule définition de soi à beaucoup à voir, à mon sens, avec sa judéité. D’une certaine manière, sa défiance à l’égard de l’identité fait de lui un auteur très juif.

… s’assurer de n’être jamais complétement soi-même, en rendant toute sa place à l’étranger en soi. Savoir ainsi, où que l’on se trouve, qu’on ne sera jamais complètement à la maison.

Parce que le message (d’Abraham) était on ne peut plus clair : Quoi qu’il arrive, hors d’Ur tu es, hors d’Ur tu resteras !

Je suis pour polluer toutes les « identités ». Pour que puisse à nouveau circuler la conscience claire de tout ce que l’existence doit au mélange.

Bref, en hébreu, tu peux « avoir été » et tu peux « être en train de devenir », mais tu ne peux absolument pas être… ni binaire, ni non binaire, ni homme, ni femme. Tu as été et tu deviendras, mais tu es forcément en plein dans ta mutation. En clair, l’hébreu, c’est la langue des trans.

Un bon traumatisme, ça s’imprime sur plusieurs générations. Ca dégouline sans gêne. Mais si y’avait pas eu la Shoah, on n’aurait jamais pu le savoir. On doit tant à l’Allemagne.

Lu sur Liselotte grâce à Netgalley et aux éditions Grasset que je remercie pour leur confiance

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