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La laveuse de mort – Sara OMAR

Frmesk pousse son premier cri au Kurdistan en 1986, où elle a eu le malheur de naître fille. Sa mère va tout faire pour la protéger d’un père violent qui menace de la tuer précisément parce que ce n’est pas un garçon.

Heureusement, les grands-parents maternels de Frmesk sont prêts à la recueillir et à l’élever avec amour.

Mais pourront-ils la préserver des menaces psychologiques et physiques qui pèsent de tous côtés dans ce Kurdistan ravagé par la guerre, le génocide et la haine ?

L’auteure nous plonge dans la vie d’un petit village du Kurdistan des années 80.

Frmesk a le tord d’être née fille, mais aussi avec une touffe de cheveux blancs : diablerie ou signe d’Allah ?

Les chapitres sur l’enfance de Frmesk alternent avec de courts chapitres dans lesquels nous la retrouvons en 2016 dans une chambre d’un hôpital de Norvège, en attente d’une opération. Elle se lit d’amitié avec une infirmière, Daria, qui lui fait pourtant courir de grands risques.

J’ai été étonnée, pour ne pas dire choquée, par la violence entre femmes qui règne au village : elles s’épient entre elles, cherchent la faute chez l’autre, au lieu de s’entre-aider face au pouvoir patriarcal.

Mais il faut dire que peu savent lire, et leur vocabulaire semble limité à des insultes.

J’ai aimé la grand-mère de Frmesk, laveuse de mort, qui prépare celle dont personne n’a réclamé le corps.

Le grand-père est zoroastrien, et le regard distancier qu’il porte sur la religion musulmane est le bienvenue.

Un roman plein d’humanité au milieu de tant de noirceur.

L’image que je retiendrai :

Celle du massacre d’Halabja, attaque chimique au gaz, contre cette ville kurde.

Actes Sud, 14 octobre 2020, 352 pages

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