La maison – Emma BECKER
J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Avant de m’apercevoir que je n’écris que sur les femmes. Sur le fait d’en être une.
Dans ce dernier roman (mais s’agit-il d’un roman ou d’un récit ?) l’auteure parle d’une profession bien particulière : la prostituée, celle qui officie en maison close en Allemagne.
A Berlin, la narratrice commence son métier dans une maison pleine de jeunes filles de l’est rivée à leur smartphone en attendant le client. Mais cela ne lui convient pas.
Elle trouve alors La maison où chaque femme est libre de venir travailler ou pas, de refuser un client, de disparaître sans laisser d’adresse.
Il est vrai que la situation des prostituées est différentes en France, mais j’ai apprécié son analyse. Ce métier en appelle à la capacité des femmes à perdre leurs repères et à les retrouver tels qu’ils étaient à la même place (p.241).
Cette maison représente un endroit sur terre où ces femmes sont adorées, convoitées, réputées, flattées comme d’adorables despotes, (…) jalousées et acceptées (…°. Et c’est peut-être exactement le noeud du problème (p.249)
Peut-être que le jour où on offrira aux femmes des boulots convenablement payés, elles n’auront plus l’idée de baisser leur culotte pour compléter leurs fins de mois (p.255).
Le bordel est la part d’humilité inexorable de la société, l’homme et la femme réduits à leur plus stricte vérité – de la chair (p.356)
Elle m’a fait rire parfois, comme lorsque Paulette, archétype de l’Allemande, arrive au milieu de filles ukrainiennes.
J’ai été frappé par le rapport au temps de ces femmes qui attendent beaucoup. Parfois avec leurs camarades, parfois seules face à leur téléphone.
On sent dans ces pages, que la narratrice y a trouvé son bonheur pendant 2 ans. Et c’est là le principal.
L’image que je retiendrai :
Celle des beaux jours d’été à Berlin, à croire qu’il n’y a pas d’hiver.
Flammarion, 21 août 2019, 384 pages
26 commentaires
kathel
J’ai l’impression qu’elle donne une vision bien idyllique de la prostitution.
Alex-Mot-a-Mots
Je pense qu’en Allemagne, ou ce métier est hyper encadré, il y a pire comme conditions de travail.
aifelle
Je ne m’habituerai jamais à ce que l’on parle du corps comme si c’était un objet comme un autre ..
Alex-Mot-a-Mots
C’est ce que tente d’expliquer l’auteure dans ce livre.
Matatoune
J’avoue avoir un a-priori assez négatif : banaliser la prostitution en rapportant la vie dans une maison close, c’est penser que se prostituer est un métier comme un autre ! Or, pour moi, et je le revendique haut et fort, ce n’est pas banal du tout … Je voudrais avoir le courage de le lire sans colère…je vais peut-être essayer! En tout cas, remerciements pour cette présentation !
Alex-Mot-a-Mots
J’espère qu’il croisera ta route, et que tu pourras le lire sans a-priori. Il faut dire aussi que l’auteure a fait ce métier en Allemagne où la profession est hyper encadrée.
Une Comete
Je trouve « l’expérience » totalement jusqu’au-boutiste… je ne pourrai pas lire ce livre …
Mimi
Prostituée, un métier ? Je ne suis pas sûre qu’elles aient toutes la même envie de définir ainsi ce rôle. Rôle créé par l’homme depuis la nuit des temps. Non, je n’ai vraiment pas envie de partager cette lecture, trop d’a-priori m’en empêchent.
Alex-Mot-a-Mots
L’auteure explique dans ce roman que al faute en revient surtout à la société. Les hommes qui ont recourt à des prostitués ne sont pas tous des détraqués. Un roman intéressant par son point de vue « de l’intérieur ».
keisha
Après l’avis de Sandrine, j’ai plutôt envie de tenter l’aventure (de la lecture)
Alex-Mot-a-Mots
Une autre vision pas du tout misérabiliste de cette profession.
mesechappeeslivresques
il est dans ma pal et je suis vraiment curieuse de découvrir comment l’auteure aborde le sujet
Alex-Mot-a-Mots
J’ai trouvé qu’elle apportait un point de vue passionnant et une analyse fine.
Eve-Yeshé
j’ai envie de tenter l’aventure, bien que ce sujet me rebute en général! j’ai aimé sa prestation à LGL il y a deux jours…
Priorité quand même à Karine Tuil et une autre écrivaine m’a aussi tapé dans l’oeil dans l’émission: Sofia Aouine et sa « rapsodie des oubliés » 🙂
Alex-Mot-a-Mots
J’ai adoré Karine TUIL. J’espère que ce livre croisera ta route car il propose une approche et une analyse intéressantes.
eimelle Toursetculture
J’ai découvert ce livre à la LGL, pas vraiment convaincue… c’est vrai que la prostitution cache des réalités très différentes
Alex-Mot-a-Mots
L’auteure réhabilite un peu cette profession, et c’est tant mieux.
gambadou
Intéressant parce que elle a vraiment vécu cette situation. Maintenant elle avait les moyens de faire autre chose et cette liberté je pense que toutes ne l’ont pas. Son regard est un peu biaisé.
Alex-Mot-a-Mots
Pas tant que ça, car elle l’a tout de même exercée 2 ans et n’a arrêtée que parce que la maison fermait. Elle explique aussi la difficulté d’avouer ce métier à ses proches.
aleslire
A priori, le sujet ne me tentais pas mais à la lecture des commentaires, je me dis que, finalement, ce peut être une aventure de lecture, même si cela risque de me déranger …
Alex-Mot-a-Mots
Un point de vue vraiment intéressant. J’espère que ce livre croisera ta route.
jostein59
On en parle beaucoup mais les avis sont assez divergents.
Alex-Mot-a-Mots
Je fais donc partie de ceux qui ont aimé et apprécié cet éclairage non misérabiliste sur cette profession.
mespagesversicolores
Le passage de l’autrice à La Grande Librairie m’a interpellée… si je le croise en biblio, je l’emprunterai bien!
Une Comete
Je trouve l’experience totalement jusqu’au-boutiste et déplacée… je ne pourrai pas lire ce livre
Alex-Mot-a-Mots
J’espère qu’il croisera ta route et que nous aurons ton avis.