Auteurs en S

La vie clandestine – Monica SABOLO

De l’auteure, j’avais beaucoup aimé Crans-Montana, et beaucoup moins ses autres romans. Je commençais donc son dernier ouvrage avec un certain à priori. Et je l’ai refermé en étant passionnément convaincue par cette lecture.

Pas tant par ses recherches sur Action Directe que par ce que l’auteure dit d’elle-même.

Car même si le récit peut sembler patiner par moment (seule la lecture des vieux magazines lui apporte des informations), le parallèle fait avec ses recherches familiales est poignant.

Elle se rend vite compte que le problème est l’enquêtrice elle-même. J’ai aimé son appel à sa mémoire pour tenter de faire la lumière sur les zones d’ombres de son enfance.

J’ai souri à chaque fois qu’une référence au lac était faite, comme dans un de ses précédents romans Summer, dans lequel le lac en bout de propriété était omniprésent.

J’ai aimé Hellyette Bess, petite main de l’ombre mais toujours dans la lutte.

J’ai toutefois été étonnée que, voulant écrire un livre sur les filles d’Action Directe, l’auteure ne retranscrive jamais aucun propos des anciens membres qu’elle rencontre. Et je me suis demandée si le but premier du livre n’avait pas fait place, malgré l’auteure, à un objectif plus personnel.

J’ai été étonnée de découvrir le père de l’auteure, personnage trouble qui avait rapporté pleins de souvenirs de ses voyages en Amérique latine, transformant l’appartement familial en musée.

J’ai aimé le propos de l’auteure : nous pouvons nous approcher de la noire blessure d’enfance, sans pour autant vouloir faire toute la lumière dessus. Accepter de vivre avec est déjà assez difficile.

J’ai souligné pleins de passages qui m’ont parlé.

Quelques citations :

Le passé est là, mais personne ne peut l’atteindre, il se balance dans un filet invisible.

Dans ses livres, Jean-Marc Rouillan raconte les hold-up, appelés « opérations de financement » ou « expropriations prolétariennes ».

la question de nos vies à tous, la condition de notre humanité. Celle de notre capacité à reconnaître, sinon comprendre, les ressentis de l’autre, voire d’envisager cet autre comme une part inconnue de nous-même.

Le regret traîne l’ombre du désaveu, le reniement de ce qu’on fut, d’une jeunesse, d’un idéal.

Ce qui a eu lieu a eu lieu. Telles est la vérité avec laquelle nous devons apprendre à vivre.

Il n’y a pas de réponse, pas d’apaisement. Mais Régis Schleicher les regarde, chacun d’entre eux, bien en face.

Un homme qui puisse s’asseoir devant moi, et admettre l’existence de la souffrance qu’il a causé. Des êtres qui acceptent de se livrer et combler le vide dans mon coeur.

L’image que je retiendrai :

Celle des plantes vertes mourantes dans la librairie politique d’Hellyette Bess.

Lu sur Liselotte

27 commentaires