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L’attaque du Calcutta-Darjeeling – Abir MUKHERJEE

L’action et les enquêtes se déroulent à Calcutta en 1919. Au sortir de la Grande Guerre, Sam Wyndham, jeune veuf et nouvellement promu capitaine décide de partir dans la colonie anglaise du Bengale.

En bon limier, il fera tout pour trouver le coupable du meurtre d’un britannique sauvagement assassiné dans une rue sombre d’un quartier indien, pas loin d’un bordel.

Disons-le tout de suite, je n’ai pas aimé le style plat. L’intérêt de cette lecture réside ailleurs.

J’ai aimé les personnages secondaires haut en couleurs : la matrone de la pension dans laquelle loge Sam ; le supérieur flegmatique de Sam qui ne dit mot mais perce tout à jour ; le révolutionnaire indien non-violent que l’on accuse de tout.

J’ai découvert, avec le personnage d’Annie que les métis ne trouvaient leur place nulle part dans ce pays où règne une certaine ségrégation.

J’ai été attentive à tous les détails, me doutant que le capitaine partirait sur une fausse piste. Mais, comme dans un roman d’Agatha Christie, je n’avais pas trouvé le coupable.

J’ai aimé l’éclairage de l’auteur sur ce pays sous domination britannique.

J’ai découvert la loi Rowlatt qui prolongeait indéfiniment les mesures d’urgence de détention préventive indéfinie, incarcération sans procès et contrôle judiciaire.

Bref, un roman riche et passionnant dans lequel la fameuse attaque du train cache un secret d’état.

Quelques citations :

L’opium n’est vraiment illégal que pour les travailleurs birmans. Même les Indiens peuvent s’en procurer. Quant aux Chinois, eh bien nous pourrions difficilement le leur interdire, attendu que nous avons mené deux guerres contre leurs empereurs pour avoir le droit de répandre ce maudit truc dans leur pays. Et nous l’avons bel et bien fait. Au point que nous avons réussi à faire des drogués d’un quart de la population mâle. Si on y réfléchit, cela fait probablement de la reine Victoria le plus grand trafiquant de drogue de l’Histoire. (p.74)

(A propos de Georges V) : J’ai toujours été frappé par sa ressemblance avec l’empereur Guillaume. (…) Intervertissez les uniformes et je doute que quiconque les distingue. Même pour des cousins, la ressemblance est troublante. C’est triste que tant d’êtres humains aient dû mourir pour ce qui n’était essentiellement qu’une chamaillerie familiale. (p.99)

L’image que je retiendrai :

Celle du personnage de Sen, le terroriste que tout le monde recherche car il est accusé du meurtre. Mais les services de renseignements n’avaient jamais perdus sa trace.

Liana LEVI, 17 octobre 2019, 400 pages

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