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L’aveuglement – José SARAMAGO

 

Le roman s’ouvre sur un long travelling avant au carrefour d’une grande ville jusqu’à la personne qui deviendra le premier aveugle : au volant de sa voiture, cet homme ne voit tout à coup plus rien, juste du blanc.

Petit à petit, les personnes autour de lui deviennent elles aussi aveugles.

Dans le but d’éviter une contagion générale, le gouvernement décide de placer ces aveugles d’un nouveau genre en quarantaine dans un ancien asile d’aliénés.

Et c’est là que les choses se compliquent, car non seulement le petit groupe de départ n’arrive pas à s’organiser, les vivres manques, puis les nouveaux aveugles arrivent de plus en plus nombreux.

J’ai eu un peu de mal au début avec la narration, et relire deux fois ce travelling d’ouverture pour comprendre ce qu’il se passait. Puis, la lecture devient passionnante.

J’ai aimé que les personnages ne soient jamais désignés par leur prénom mais par leur caractéristique : le premier aveugle, le médecin (qui est ophtalmo), la jeune fille aux lunettes teintées, le garçon louchon, le voleur… Pas une dépersonnalisation : un retour à l’essentiel qui étrangement n’alourdit pas la phrase.

Toutefois, la sempiternelle recherche de nourriture a presque fini par me lasser : l’être humain ne se réduirait donc qu’à la satisfaction de ce besoin, certes essentiel ?

J’ai aimé que l’auteur me parle d’une épidémie dont personne ne sait rien : comment le gouvernement réagit, comment le quidam moyen réagit. Le romancier va imaginer les réactions les plus extrêmes, les difficultés qui se dressent devant chacun.

Si il y a un seul livre à lire qui parle de pandémie, ce serait celui-ci.

Une citation :

Il y a en chacun de nous une chose qui n’a pas de nom, et cette chose est ce que nous sommes. (p.309)

L’image que je retiendrai :

Celle des dortoirs et des corps de plus en plus sales à mesure que passent les jours.

Points, 1997, 365 pages

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