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Le livre des nuits – Sylvie GERMAIN

Je ne m’attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d’un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.

Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.

Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.

J’ai aimé que la péniche du grand-père s’appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l’aplomb de Dieu.

J’ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.

J’ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu’il aura.

Mais quand il fait alliance avec un loup, j’ai trouvé l’homme reclus moins intéressant.

J’ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.

Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.

Une citation :

Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n’était plus à présent qu’un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l’amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C’ets pourquoi il n’avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)

L’image que je retiendrai :

Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.

Folio, 1 avril 1987, 336 pages

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