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Les enchaînés – Franck CHANLOUP

1868, Sarthe. Victor à tout juste seize ans, est incarcéré au Mans puis au bagne de Toulon. Le début de son calvaire pénitentiaire sonne le glas d’une vie de malheur. Jusqu’à sa rencontre avec Léopold Lebeau, un prisonnier communard idéaliste et indomptable, qui le fascine.

1872, la traversée puis le bagne de Nouvelle-Calédonie, à Nouméa (il y en avait plusieurs, notamment à l’île des Pins et Moindou).

Attention : ça cogne fort dans ce roman. Les surveillants font régner l’ordre à coup de bâtons, violemment. Et l’auteur me l’a bien fait sentir. J’en étais presque meurtrie….

Tous est prétexte à humiliation, car les bagnards ne sont que des rebuts de la société de la fin du second Empire.

J’ai aimé la toile de fond historique : la Commune de Paris, la chute du second Empire.

Je n’ai compris que tardivement le lien qui se crée entre Victor et Léo (l’auteur n’insiste pas tellement sur ce point). Son propos est ailleurs : nous donner à lire les conditions de détention des bagnards.

Une plongée dans cet enfer où la moindre loque sert de vêtements ; où tout est prétexte à vexation ; où la seule façon de sauver sa vie est de garder la tête basse et de ne pas se faire remarquer.

Un roman plein d’odeurs fortes (vomis, défécations) et de crasse, de puanteurs et de désespoirs.

Toutefois, c’est un roman de colon blanc qui laisse peu de place aux Canaques (j’en attendais plus sur ce point).

Et puis l’auteur décrit la rivalité entre le commandant du bagne de Toulon et Léo. Sauf qu’une fois à Nouméa, on n’en entend plus parler. Dommage, j’aurais aimé savoir ce qu’il se passait du côté du bagne des Communards à Nouméa.

J’ai eu un peu de mal au début de ma lecture avec l’argot de ce garçon de 16 ans. Et puis j’ai fini par m’y faire.

Une fin ouverte qui n’est pas pour me déplaire.

Un roman passionnant sur le bagne vécue de l’intérieur.

L’image que je retiendrai :

Celle des Communards enfermés et qui espèrent être libérés rapidement, sans comprendre où ils sont.

Au Vent des îles, 18 mars 2021, 221 pages

K79 – Jostein et Matatoune m’ont donné envie de découvrir ce roman

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