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Les furtifs – Alain DAMASIO

On entre dans un roman de Damasio : on accepte le monde qu’il crée pour nous, et sa révolte.

Car il est encore une fois question de révolte dans son nouveau roman : révolte d’un père qui refuse de croire sa fille morte ; révolte de quelques hurluberlus contre la privatisation des villes et le tout-payant.

J’ai aimé son idée de départ : les furtifs, qui seront parfois furtives. Des êtres de chairs et de sons que l’on ne peut voir au risque de les pétrifier.

Personne n’a encore cherché à communiquer avec eux. Normal, l’armée ne veut que les détruire.

Pourtant, le père de Tishka va découvrir que des petits groupes sont entrés en contact avec les furtifs, lui redonnant espoir dans ses recherches.

Mais qui sont les furtifs ? je dirai que ce sont des êtres plus que vivants : en total symbiose avec la nature dont ils peuvent prendre les formes et les couleurs, ils communiquent grâce à l’art (musique, sculpture…).

J’ai découvert avec intérêt le monde moderne décrit par l’auteur : une bague nous donne accès à certaines zones de la ville, et surtout trace nos désirs et nos besoins.

Les différents personnages ont chacun un signe diacritique de reconnaissance quand ils pensent ou parlent, ce qui permet au lecteur de les identifier. Mais l’auteur réussit ce tour de force de leur créer aussi une identité linguistique, un langage propre (haché et connecté, ou plus scientifique…), pour ne pas que nous tombions dans un ronron de lecture.

Les Zones anti-gouvernements m’ont fait penser aux ZAD qui se développent dans l’hexagone.

Si, encore une fois, les récits de combat ne m’ont pas passionnés, j’ai aimé le monde révolté de l’auteur.

Merci, Monsieur Damasio, vous me sortez de ma condition de mouton.

L’image que je retiendrai :

Celle du système d’écriture des furtifs très condensé et qui s’approche de la poésie.

La Volte, 18 avril 2019, 687 pages et une bande-son

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