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Les jungles rouges – Jean-Noël ORENGO

À travers une succession d’époques et de lieux, on découvre le destin d’un homme qui aurait tour à tour été : le fils du boy khmer des Malraux pendant leur aventure indochinoise en 1924 ; un militant nationaliste cambodgien, meilleur ami de Saloth Sâr, le futur Pol Pot, durant son séjour à Paris vers 1950 ; un officier khmer rouge, responsable de la propagande, et qui, désertant un mouvement devenu fou, confie Phalla, sa fille venant de naître, à un couple de Français lors de la chute de Phnom Penh en 1975 ; et cette figure de père mythique, hantant Phalla et son petit ami, Jean Douchy, dans les années 1990 et 2000.

Voici un roman complexe sur le destin du Cambodge.

D’abord parce qu’il mêle les époques (heureusement, les lieux et dates sont précisés) et les personnages historiques (Malraux mais aussi Duras).

Complexe parce que je l’ai trouvé parfois inutilement précis (les marques des hélicoptères, les noms de rues de Paris). Mais cela est aussi une tentative d’ancrer le personnage dans la réalité des lieux et des faits.

Parfois pénible à lire quand l’auteur veut absolument ajouter un second adjectif ou une seconde précision à un texte déjà bien précis.

J’ai toutefois aimé le leitmotiv de la narration : la même chose mais pas identique. (« Je suis comme vous, mais pas tout à fait comme vous »).

J’ai découvert l’art de l’éventail dans le théâtre cambodgien.

Une lecture plus historique que romancée.

L’image que je retiendrai :

Celle du palais de Bokor, construit sur l’exploitation des hommes et plusieurs fois abandonné.

Grasset, 21 août 2019, 272 pages

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