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Nous, les Allemands – Alexandre STARRITT

Disons-le tout de suite, j’étais assez dubitative en refermant ce livre : où l’auteur avait-il voulu en venir ? Il m’a fallu une nuit de réflexion pour y vois clair.

L’auteur de la longue lettre adressée à son petit fils Callum est un ancien soldat qui a fait la guerre de 39-45 à l’Est. De ces années de guerre, nous ne saurons rien. En revanche, il revient sur une action qui a eu lieu lors de la défaite et qui le fait encore souffrir.

Et il en faut des pages, avant d’arriver à ce fait, somme toute assez anodin des années après : Meissnet et 3 acolytes, loin de leur garnison, ont tout fait pour retarder l’avancée des Russes, quitte à tuer.

Et là, je me suis demandée : mais il avait déjà tuer des Russes et autres Polonais pendant la guerre. Pourquoi ceux-ci en particulier ?

Parce que l’armée allemande était en pleine déroute, qu’ils auraient pu tout simplement rendre les armes. Mais, alors que le commandement était inexistant, ils ont continué le combat, tels de bons spartiates : Never retreat, never surrender.

Meissner voulait sans doute nous rappeler ce qui fait de nous des humains : notre acharnement.

Quelques citations :

A l’Est, les prisonniers de guerre ne s’amusaient pas à monter des plans d’évasion ni à fabriquer de faux papiers : ils mangeaient leurs amis. (p.87)

La honte ne s’expie pas : elle est une dette impossible à quitter. (p.91)

… que l’Histoire est un kaléidoscope, peut-être, dont les fragments de verre coloré, certains russes d’autres allemands, se recombinent à l’infini. (p.199)

L’image que je retiendrai :

Celle de la femme de ménage russe employée par la maison de retraite où vit Meissner et dont il se prend d’amitié, essayant de lui parler russe avec le peu dont il se souvient.

Belfond, 25 août 2022, 208 pages

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