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Pastorale américaine – Philip ROTH

Après trente-six ans, Zuckerman l’écrivain retrouve Seymour Levov dit « le Suédois », l’athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi splendide, Levov l’invincible, le généreux, l’idole des années de guerre, le petit-fils d’immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que nature.

Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle, épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d’érables centenaires : la pastorale américaine.

Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille rebelle.

Et l’écrivain Zuckerman imagine la vie du Suédois jusqu’au cataclysme.

Ce livre est l’occasion pour l’auteur de nous faire découvrir, à travers l’histoire de la fabrication du gant, l’évolution de Newark l’industrieuse jusqu’à cette banlieue désaffectée de New-York, pauvre et violente.

Le travail de précision des italiens de Newark est partie en Europe de l’est, puis en Afrique du Nord et enfin en Asie.

J’ai eu de la peine pour ce père qui cherche désespérément quel a pu être l’élément déclencheur de la radicalisation de sa fille : sa vie trop parfaite ? sa mère trop parfaite ?

Elle m’a émue, Merry, cette jeune fille perdue qui épouse des causes qui ne sont pas les siennes : la guerre au Vietnam, l’Algérie, le jaïnisme.

Et qui est l’énigmatique Cohen qui vient récupérer les affaires de Merry en cavale ?

J’ai aimé que l’auteur me parle du rêve américain et de son envers.

Quelques citations :

c’est que jouer dans une grande équipe, pour héroïque que cela paraisse, n’était jamais qu’une forme particulièrement harassante d’exploitation du travailleur.

Voilà sa fille qui l’exile de sa pastorale américaine tant désirée pour le précipiter dans un univers hostile qui en est le parfait contraire, dans la fureur, la violence, le désespoir d’un chaos infernal, qui n’appartient qu’à l’Amérique.

Le monde est désordre, il es noirceur. Il est hideux !

Y a-t-il eu un détonateur ? Se peut-il que cette explosion n’ait pas eu besoin de détonateur ?

La vie n’est qu’une courte période de temps où l’on est vivant. Meredith Levov, 1964

L’image que je retiendrai :

Celle du bâillon sur la bouche de Merry fait d’un bas sale.

Lu sur Liselotte

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