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Prémices de la chute – Frederic PAULIN

Après l’excellentissime La guerre est une ruse, j’étais impatiente de lire la suite.

Tedj Benlazar n’est plus en Algérie mais en ex-Yougoslavie ou la guerre fait rage. Sa fille Vanessa s’éprend d’un journaliste de La Voix du Nord qui couvre les faits divers.

En janvier 1996, dans la banlieue de Roubaix, à Croix, deux malfrats tirent à l’arme automatique sur des policiers lors d’un banal contrôle routier. Reif Arno, le journaliste remonte leur piste et découvre derrière ces deux braqueurs une entreprise terroriste qui échappe encore aux radars du renseignement français.

Au fil des années, jusqu’en 2001, la petite organisation Al-Kaïda va prendre de l’ampleur.

J’ai aimé suivre Reif Arno, journaliste un peu pataud que son beau-père Tedj envoie en Afghanistan, son amour torride avec Vanessa.

J’ai découvert Zacarias Moussaoui, petit gars de Narbonne qui n’a pu aller au bout de sa mission du 11 septembre, son parcours à Londres dans le Londonistan, et sa préparation en Afghanistan.

Gh’zala, dont Tedj était amoureux en Algérie, y vit toujours et lutte contre le Code la famille imposée aux femmes par le régime Bouteflika.

Benlazar se fait plus discret, qui disparait dans la France profonde en Haute-Loire, mais qui continue, à sa façon et grâce à Reif, d’alerter ses anciens camarades sur le nouveau terrorisme.

Un récit mené tambour battant, alternant les personnages et faisant défiler les années jusqu’au bouquet final tragique.

Ce second volet, plus proche de moi dans le temps, m’a aidé à mieux comprendre le conflit en ex-Yougoslavie et ses répercussions actuelles, mais aussi le mode de préparation des attentats et l’inertie des services secrets américains.

Un roman fort riche et documenté qui se lit comme un polar.

J’ai hâte de découvrir le dernier tome de cette trilogie : se déroulera-t-il en 2020 ou plus tard ? Quels seront les réseaux terroristes à l’oeuvre ?

L’image que je retiendrai :

Celle des grottes de Tora-Bora où Reif se retrouve retenue, attendant une hypothétique interview. L’hiver, il y fait très froid, le climat servant de rempart naturel à toute intrusion ou tentative de fuite.

Quelques citations :

Un peu comme en Algérie, il faut suivre l’argent. (p.61)

Les militaires sont derrière toute chose en Algérie, capitaine. On dit « le GIA », mais c’est les militaires, en fait. p.126)

Il songe que celui qui cesse d’être ton ami ne l’a jamais été. C’est Shakespeare ou Aristote qui l’a dit. Les Algériens et les Français n’ont jamais été amis, c’est vrai. (p.127)

Agullo, 21 mars 2019, 512 pages

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