Auteurs en P

Tenir sa langue – Polina PANASSENKO

L’auteure souhaite récupérer son prénom de naissance Polina, francisé sur demande de son père à leur arrivée en France.

Au fil des chapitres, nous suivons l’enfance de la narratrice née à Moscou, habitant un appartement communautaire avec ses grands-parents ; son départ pour la France ; son arrivée à Saint-Etienne ; ses retours en Russie en été.

J’ai aimé le ton de l’auteure : d’abord petite fille perdue dans un pays inconnu, dans une langue inconnue ; puis elle grandit mais s’émerveille toujours autant de ce qui l’entoure.

J’ai aimé la façon qu’elle a d’appréhender sa ville d’adoption : certaines dénomination m’ont faites sourire.

J’ai aimé le regard tendre qu’elle porte sur ses grands-parents restés au pays.

J’ai eu plus de mal avec le vocabulaire russe parfois employé par la narratrice, et pas toujours traduit. Comme si elle avait voulu faire sentir à son lecteur les difficultés devant un mot issu d’une autre langue.

J’ai aimé les multiples sens du titre : apprendre une nouvelle langue, mais aussi ne pas laisser mourir sa langue maternelle ; se taire en Russie sur tout ce qui concerne la France.

Une lecture riche qui m’a fait réfléchir sur tout ce que l’on emporte avec soi dans sa langue.

Quelques citations :

La vraie France s’appelle Saint-Etienne. (p.50)

Ma mère aussi veille sur mon russe comme sur le dernier oeuf du coucou migrateur. Ma langue est son nid. Ma bouche, la cavité qui l’abrite. Plusieurs fois par semaine, ma mère m’amène de nouveaux mots, vérifie l’état de ceux qui sont déjà là, s’assure qu’on n’en perd pas en route. Elle surveille l’équilibre de la population globale (p.107)

L’image que je retiendrai :

Celle de la découverte de la raclette avec les voisins leur premier soir dans le nouvel appartement de la famille.

L’avis, plus détaillé, de Delphine-Olympe, et de Sandrine

Editions de l’Olivier, 19 août 2022, 192 pages

20 commentaires