Auteurs en M

Tous, sauf moi – Francesca MELANDRI

Troisième et dernier volet de sa Trilogie des Pères, je n’avais lu que son précédent Plus haut que la mer.

L’auteure nous entraîne cette fois en Éthiopie pendant la Seconde Guerre Mondiale ainsi qu’à Rome en 2010.

Attilio Profeti a mené pendant des années une double vie. Agé de plus de 95 ans, il vit maintenant avec sa seconde femme avec qui il a eu un fils.

De son premier mariage, sa fille Ilaria est restée très proche de lui. C’est elle qui voit un jour devant sa porte un jeune éthiopien émigré clandestin qui déclare être le petit-fils d’Attilio Profeti.

L’auteure nous embarque sur les traces d’Attilio chemise noire partie en Ethiopie grâce à sa mère pour échapper au front.

J’ai aimé la construction en spirale du récit : des détails reviennent au cours de la narration, aiguisant notre curiosité. L’explication ne viendra qu’en son heure.

J’ai aimé découvrir cette partie de l’histoire italienne que même les italiens connaissent peu (la colonisation n’a duré que 5 ans).

J’ai aimé Ilaria aux idées de gauche amoureuse de Piero, l’homme politique de droite.

J’ai appris qui était Ménélik et sa cruelle femme (clak-clak).

J’ai aimé Attilio qui met toujours la main dans ses poches pour donner une pièce à un de ses enfant.

J’ai découvert d’où vient l’expression « avoir du cul », car Attilio en a eu beaucoup dans sa vie….

J’ai découvert que les italiens aussi avaient utilisé des armes chimiques (l’ypérite) pour conquérir plus vite le pays, notamment au Mont Amba Aradam.

Un roman social et engagé sur les vagues de migrations, les guerres et la corruption.

L’image que je retiendrai :

Celle de l’immeuble dans lequel habite Ilaria, dans lequel à chaque étage habite une communauté différente. Et elle, au dernier.

Une citation :

Il a compris maintenant que le racisme n’est qu’un jeu de miroirs, une illusion. C’est le moyen le plus efficace jamais inventé pour briser la lutte contre les inégalités – la lutte de classe, disait-on autrefois. Il sert à pousser les avant-derniers à se sentir supérieurs aux derniers, pour éviter qu’ils ne se révoltent, ensemble, contre les premiers. (p.492)

Gallimard, 14 mars 2019, 576 pages

18 commentaires