
Zouleikha ouvre les yeux – Gouzel IAKHINA
Zouleikha est une femme tatare musulmane, mais surtout une koulak.
Cette lecture m’a fait réviser mon vocabulaire socialiste : dékoulakisation, menchévique, GPU, et j’en passe.
Je connaissais vaguement une région nommée Tatarstan, en bas à gauche de la grande URSS, mais j’ignorais que le peuple tatar était musulman.
Le roman s’ouvre sur la pauvre vie de Zouleikha coincée entre son mari ivrogne et sa belle-mère qui ne la lâche pas d’une semelle. Elle a accouchée de 4 filles mortes peu après leur naissance.
Zouleikha vit dans la peur de sa belle-mère et de sa religion aux multiples esprits qu’il faut satisfaire.
Etrangement, la déportation au goulag lui sera bénéfique, comme au vieux professeur de médecine Leibe qui bizarrement retrouve toute sa tête en déportation…
J’ai eu de la pitié pour leur gardien en chef Ignatov qui, s’il se montre cruel au départ, fini par voir les visages derrière les noms de ses listes et fait tout pour que ses prisonniers ne meurent pas de faim et de froid.
J’ai été étonnée que ce roman montre que chacun pouvait s’épanouir au goulag : peindre, cuisiner, s’instruire. L’auteur se gardant bien de montrer les travaux de force qui faisaient mourir les prisonniers par centaines.
Mais j’ai aimé le leitmotiv de Zouleikha qui ouvre les yeux sur le monde qui l’entoure et sorte de ses peurs.
L’image que je retiendrai :
Celles de cuillères fabriquées avec des ustensiles de fortune mais dont dépend le bonheur de chacun.
Les éditions Noir sur Blanc, 24 août 2017, 468 pages

Reine de coeur - Akira MIZUBAYASHI

18 commentaires
aifelle
Je n’ai pas eu la même perception que toi sur la souffrance des déportés, elle n’est pas gommée, on voit bien que c’est un massacre. Le voyage et puis le premier hiver où ils n’ont rien et meurent de faim et de froid … une forme de vie plus supportable viendra plus tard. Et pour fuir à la fin, il faut quand même fabriquer un faux !
Alex-Mot-a-Mots
Tu as raison. Mais de ce roman, seule la première partie m’a vraiment plu.
Matatoune
Voilà un roman à découvrir donc !
Alex-Mot-a-Mots
Sans urgence non plus.
keisha41
Assez brutal comme histoire, quand même?
Alex-Mot-a-Mots
Oui, car le contexte l’était.
jostein59
Intéressant mais sûrement assez sombre
Alex-Mot-a-Mots
Tout à fait, le contexte n’était pas franchement joyeux.
kathel
J’ai bien envie de le lire, ce roman !
Alex-Mot-a-Mots
C’est assez dur, mais enrichissant.
manou
Tu me tentes même si je trouve l’histoire assez dure… de toute façon ce ne sera pas pour tout de suite !
Alex-Mot-a-Mots
Le sujet n’est pas facile, en effet. Il vaut mieux choisir son moment.
Céline
Un récit qui a l’air un peu dur…. je me le note tout de même, on ne sait jamais, cela pourrait peut-être me plaire.
Bonne journée !
Alex-Mot-a-Mots
Un roman dur au vue du contexte, mais éclairant sur cette page d’histoire.
Patrice
Heureux de lire une nouvelle chronique sur ce livre que j’avais beaucoup aimé. Les souffrances des déportés (notamment dans les convois) était très bien restituées ; certes, Zouleikha ouvre les yeux dans le goulag mais il n’en demeure pas moins que la souffrance est omniprésente.
Alex-Mot-a-Mots
Une lecture éprouvante, en effet.
Brize
Je l’ai lu car on me l’avait offert (une amie russe d’une de mes filles, pour me remercier de conseils de lectures), autrement je ne sais pas si je me serais lancée spontanément. C’est un livre que je trouve assez marquant (alors que j’en oublie tant d’autres).
Alex-Mot-a-Mots
Je pense qu’il me restera longtemps en mémoire, également.