A la table des hommes – Sylvie GERMAIN
Albin Michel, 4 Janvier 2016, 272 pages
Présentation de l’éditeur :
Son obscure naissance au coeur d’une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S’il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l’espèce animale, dont une corneille qui l’accompagne depuis l’origine.
Mon avis :
Quelle idée de commencer un roman avec pour personnage principal un cochon ? Je craignais un peu cette entrée en matière, mais heureusement, cela ne dure pas, le cochon se transformant vite en homme (cet aspect quelque peu fantastique du roman m’a étonné, mais après tout, pourquoi pas).
Ce point de départ explique que le personnage principal, Babel, perçoive le monde en couleurs et en senteurs. Un roman très olfactif et colorés, donc.
Mais là où l’auteure m’a conquise, c’est en utilisant un vocabulaire très précis, un langage soutenu pour nous parler des bassesses des hommes. Sa langue nous projette littéralement dans les hautes sphères pour nous raconter combien les hommes sont terre à terre et violents.
J’ai aimé le passage sur le Prix Nobel Piotr Kapitsa qui a fait le calcul du lieu de résidence de Dieu, soit à environ neuf années-lumières de la Terre.
Il est également fait référence aux portraits du Fayoum, comme dans le roman-fleuve de Mathias Enard.
Une auteure à part dans les lettres françaises.
L’image que je retiendrai :
Celle de la corneille se perchant sur les épaules de Babel, compagnon fidèle avec qui il communique.
Une citation :
« Et il a raconté la façon dont le physicien avait procédé pour évaluer la distance à laquelle ledit Dieu avait planté son trône céleste. Kapista s’était basé sur le lancement de prières émises en 1905, vers la fin de la guerre russo-japonaise, par des popes pleins de ferveur patriotique et leurs ouailles les plus dévotes. Dans leur appel, ils adjuraient Dieu de châtier leurs ennemis. La réponse était arrivée dix-huit ans plus tard, en 1943, sous la forme d’un violent séisme qui avait frappé une partie de l’île centrale du Japon(…). Les prières voyageant certainement comme les photons à la vitesse de la lumière dans le vide intersidéral, soit 300 000 kilomètres à la seconde, et l’accusé de réception de la part de Dieu idem, Kapista avait pu ainsi élaboré son calcul. » (p.194)
20 commentaires
keisha41
Ah je ne voyais pas ce roman comme cela!!! Pourquoi pas, en effet?
Alex-Mot-a-Mots
Une lecture qui laisse pas mal de portes ouvertes à l’interprétation.
eveyeshe
celui-ci me tente moins. pourtant j’ai bien aimé « Magnus » et « petites scènes capitales » de cette auteure
Alex-Mot-a-Mots
Bien aimé Magnus aussi, mais je préfère celui-ci.
clara
Lu te pas de billet, mon avis rejoint de Sylire ( j’ai aimé le début et moins la suite)
Alex-Mot-a-Mots
Tout le contraire de moi !
Yuko
Je lis ton article en diagonale puisque je suis en train de le lire (je viens tout juste de le commencer) on en rediscutera très vite !
Alex-Mot-a-Mots
J’ai hâte de lire ton avis, alors.
hillerhodan
Un p’tit d’homme comme Moglie en somme. Bises Alex
Alex-Mot-a-Mots
Tiens, je n’avais pas vu ça comme ça !
Bises
Aifelle
L’écriture de Sylvie Germain est fabuleuse, mais je n’aime pas tous les thèmes de ses romans, notamment des derniers. Celui-ci m’intrigue, je crois que je vais le prendre à la bibliothèque.
Alex-Mot-a-Mots
Prêté par une amie qui m’a convaincue de le lire, et de passer outre le cochon.
Margotte
C’est tout à fait l’effet de l’écriture de Sylvie Germain : elle propulse vers les hauteurs !
Alex-Mot-a-Mots
Ca fait du bien !
jostein59
C’est une auteure que j’aime particulièrement et ce nouveau roman confirme son talent.
( tu as lu plein de pèpites pendant que j’étais en vacances, je vais grouper mes commentaires)
Alex-Mot-a-Mots
Je suis moi-même en vacances et je dévore !
coupsdecoeurgeraldine
Une auteure à part… que je n’ai encore jamais lue ! Honte sur moi, il serait temps que je m’y mette !
Alex-Mot-a-Mots
J’ai mis du temps, mais je la lis enfin.
kathel2
Il m’intrigue et me tente… Les portraits du Fayoum, il en est question dans La porte des enfers de Laurent Gaudé aussi !
Alex-Mot-a-Mots
Une lecture que j’ai vraiment beaucoup aimé à plus d’un titre.