
In absentia – Raphaël JERUSALMY
L’amie qui m’a prêté ce roman m’avait prévenu : il est très noir. J’y ai trouvé beaucoup de lumière.
Cet Homme, Pierre Delmain, prisonnier au Struthof (seul camp en France) est chargé d’étrangler les détenus dont le docteur du camp ne veut plus pour ses expériences.
J’ai aimé le narrateur Pierre qui à la fois profite de son travail au chaud et avec du rab’ de nourriture, mais dont le travail est inhumain.
J’ai aimé qu’il donne un nom, même inventé, à chacune des personnes qu’il tue, abrégeant leurs souffrances, parfois.
J’ai aimé qu’il les regarde dans les yeux, accompagnant leur dernier souffle d’un dernier regard.
J’ai aimé sa discussion avec un prêtre qui lui fait connaître Bernard de Clairvaux, lui permettant de s’enfuir par l’imagination.
J’ai aimé Saül Berstein, le collectionneur d’art, qui sourit au milieu des autres sujets d’expérience.
J’ai aimé que la beauté de l’art aide Berstein à ne pas succomber à la noirceur du lieu.
J’ai découvert l’artiste Natalia Gontchareva dont le tableau de descente du Christ en croix obsède Berstein.
J’ai aimé que les deux hommes se croisent au camp, échangent des propos sans intérêt. J’ai aimé cette vie si simple au milieu des ruines.
J’ai aimé que ce roman me parle du corps, celui que perd le narrateur au fur et à mesure de sa tâche. Ce corps qu’il ne se ré-approprie que par petites touches à la sortie du camp.
Un roman qui montre que l’Art (littérature et peinture) nous aide à rester Humain au milieu de la Barbarie.
Un coup de coeur.
Quelques citations :
Tu fais semblant de soutenir le regard de ta victime. Tu lui donnes l’impression de communier avec elle, tout en t’efforçant de ne pas la voir. De t’en éloigner le plus possible… (…) sans toutefois y parvenir. (p.109)
Les hommes savent quelque chose que Dieu même ignore. (…) Ce que c’est que de devoir mourir. (p.131)
L’image que je retiendrai :
Celle du Musée de Cluny que Berstein et Paul visitent chacun à des moments différents de leur vie.
Actes Sud, 2 mars 2022, 176 pages

Daphné disparu - José Carlos SOMOZA

16 commentaires
keisha41
Heu… Quand même…
Matatoune
Attirée et à la fois repoussée par la noirceur de la situation. Je ne sais pas si j’aurai le courage. Mais assurément j’irai le feuilleter pour m’en approcher et plus…Peut-être
admin
Je comprends que l’on puisse hésiter.
admin
Oui, cette lecture peut rebuter.
zazy
Très tentée, j’apprécie l’écriture de cet auteur. Je le note pour plus tard, je ne pense pas pouvoir le lire en ce moment, trop fatiguée et donc hypersensible
admin
Ce ne serait pas le bon moment, en effet.
aifelle
Je n’ai jamais rien lu à partir de ce camp français mais là, je ne sais pas si je pourrais. Un document peut-être ..
admin
C’est en effet la première fois que je lis un roman sur ce camp français.
ToursEtCulture
ta chronique me ferait bien tenter malgré la noirceur, à voir!
admin
Il est tout petit par le format.
Violette
ça m’intrigue, le Struthof n’est pas loin de chez moi, et nous emmenons nos 3e chaque année là-bas. Je ne connaissais pas ce titre. Cette référence renforce ma curiosité.
admin
L’histoire est tirée d’une histoire qui s’est réellement déroulée dans ce camp.
manou
Je t’ai rarement vu avoir de vrais coups de coeur, du coup tu me donnes envie d’en savoir plus…bien que ce soit très noir !
admin
Tu as raison, je n’ai pas souvent des coups de coeur.
jostein59
Oui c’est assez sordide comme situation. Mais si c’est un coup de coeur, je vais regarder de plus près
admin
J’espère qu’il croisera ta route et que tu aimeras comme moi.