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La libraire du Caire – Nadia WASSEF

Roman ? Compilation de souvenirs ? Je pencherai pour la compilation de souvenirs.

L’autrice raconte sa librairie Diwan du Caire depuis l’idée jusqu’à son exil 25 ans plus tard.

J’ai aimé cette femme au franc-parler, son travail en osmose avec les deux autres créatrices de la librairie, leur complémentarité.

J’ai aimé lire ses points de vue sur la société égyptienne actuelle : la place toujours en retrait de la femme, la corruption endémique.

J’ai aimé son regard sur les succès et les échecs de ce qui devient une entreprise.

J’ai souri lorsqu’elle écrit qu’elle ne peut s’empêcher de classer les livres dans les rayons.

J’ai été étonnée de sa dureté parfois, quand il s’agit de licencier un employé.

J’ai adoré sa mésaventure avec la censure à propos du livre The Nacked Chef de Jamie Oliver. La censure n’a pas aimé le titre.

J’ai aimé son association avec Minou qui créé le logo et les sacs hyper-tendances.

J’ai aimé l’honnêteté de Nadia quand elle parle de sa relation avec ses filles bébés : elle a clairement préféré travailler dans son entreprise que de jouer avec elles et les nourrir.

J’ai été effarée de découvrir que les trois co-directrices laissaient les toilettes ouverts au public pour que les femmes puissent venir les utiliser gratuitement, car il n’y a pas ce genre de service au Caire.

Et le comble, ça a été de lire que ce sont ses trois femmes qui ont créés les ISBN égyptiens qui n’existaient pas, et qui ont relancé la production éditorial dans le pays.

Quelques citations :

Je croyais que la façon arbitraire avec laquelle on appliquait les lois, et leur opacité, était fortuite. Mais après avoir géré une entreprise pendant presque deux décennies, je sais que c’est voulu. Une perpétuelle incertitude associée à d’interminable délais sont des instruments de contrôle. Nous restons aux aguets, sachant que notre tour viendra. En attendant ce moment-là, nous nous soumettons à une autocensure panoptique, et nous pesons nos mots. (p.102)

Ensuite, je finis par comprendre que la corruption était un acte de désobéissance civile : une sorte de rendez-vous galant entre les citoyens et les bureaucrates permettant d’éconduire le système officiel du gouvernement qui nous régit. (p.107)

L’image que je retiendrai :

Celle du logo Diwan qui mêle écriture européenne et orientale.

Stock, 26 avril 2023, 360 pages

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