La nuit tombée sur nos âmes – Frédéric PAULIN (RL 2021)
Ouvrir un roman de Frédéric PAULIN, c’est s’approcher de la violence des hommes. Et avec son dernier roman, l’auteur nous plonge au coeur du maelstrom.
Il y a Wad, de son prénom Chrétien (il y a des parents bizarres tout de même….), thésard mais surtout trotskiste.
Lors d’une manif, il sauve Nathalie, elle plutôt toto, comprenez (si vous êtes néophyte comme moi) mouvance autonome.
Pour l’anecdote, j’en étais restée à la querelle Trotski-Staline et au meurtre du premier. Après, je n’ai plus suivi les divergences de doctrines. Je ferme la parenthèse.
Ensemble, ils vont grossir les rangs du contre-G8 du Gênes de juillet 2001. Ils rejoignent les Tute Bianche (les tuniques blanches), mouvement de résistance passive qui disparaitra à cette occasion. RIP.
Il y a Génovéfa, la journaliste du JDD qui décide de couvrir l’événement, en ayant assez de couvrir de faux événements, comme le dernier vol du Concorde.
Il y a Laurent Lamar, le communiquant de l’Elysée qui voue un culte à Jacques Chirac (et oui, à l’époque, c’était encore le pantagruélique président), et qui va se retrouver entre le marteau et l’enclume, comprenez entre la DST et la sécurité italienne et son retors Calvini.
Carli, chef du service d’ordre, et aimant l’ordre à la fasciste, fait déployer l’équivalent des forces spéciales dans la ville de peur des débordements.
L’action se déroule en juillet, sous un soleil torride qui échauffe les esprits.
Si j’ai eu un peu de mal avec les différents acronymes et factions gauchistes de la lutte contre la mondialisation, l’auteur a fini par m’entraîner au coeur de ces jours fatidiques qui, s’ils n’ont pas changés la face du monde, lui ont mis un sacré coup.
Mais à quels prix : des jeunes adultes brisés physiquement et mentalement.
Car si certains personnages disent éprouver du plaisir à casser les magasins de la Grande Consommation et autres banques, ce sont avant tout des enfants idéalistes qui ne méritaient pas de tomber face à des fascistes déchaînés avançant eux aussi en meute.
J’ai aimé l’ironie de l’auteur : Et tout ça se déroule sous un soleil magnifique, le bleu du ciel est cinégénique. Il fait si chaud, la mer doit être agréable. (p.22)
Le style est concis, les phrases s’enchainent vite, comme si il y avait une certaine urgence à raconter.
Pendant ma lecture me revenaient en mémoire les émeutes des gilets jaunes, le déchainement de violence de part et d’autre.
Comme si nous étions condamné à cette violence pour nous faire entendre.
Une citation :
On entend partout « La violence, c’est mal. ». Qui nous vend ce discours à ton avis ? Ben moi je vais te le dire : ce sont ces huit mecs barricadés dans la zone rouge en ce moment. Les huit mecs les plus violents du monde. (p.179)
L’image que je retiendrai :
Celle des coulées de sang sur les murs de l’école Diaz dans laquelle les manifestants ont été pris au piège à minuit.
Agullo, 9 septembre 2021, 288 pages
Merci ma libraire préférée de m’avoir permis cette lecture éclairante
10 commentaires
Matatoune
Pas Sûre que j’ai envie en ce moment !
Alex-Mot-a-Mots
Et pourtant, cette lecture est éclairante sur bien des points.
manou
Je n’ai jamais lu de livres de cet auteur, mais c’est pas certain que le réalisme des situations me plaisent, en tous les cas en ce moment…Merci de nous en parler
Alex-Mot-a-Mots
Pour plus tard alors, car cet auteur parle si bien de notre société.
aifelle
J’ai encore trop en mémoire ces évènements pas si vieux. Pas tellement envie de m’y replonger, surtout que la violence n’a diminué nulle part.
Alex-Mot-a-Mots
C’est un événement que j’avais totalement oublié. L’auteur le met magnifiquement en lumière.
keisha41
Pour les prénoms, regarde celui de ronaldo. ^_^
Alex-Mot-a-Mots
😉
gambadou
Trop dur pour moi
Alex-Mot-a-Mots
Je comprends.