Le Rideau déchiré chez Agullo
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Le Rideau déchiré – Maryla SZYMICZKOWA

Zofia Turbotyńska se lance dans une nouvelle enquête pour trouver l’assassin de sa servante Karolina. Aidée de sa domestique inflexible Franciszka, à la barbe de son mari Ignacy qui n’y voit goutte, Zofia mettra plus d’un an a trouver le coupable.

J’ai aimé les personnages du juge dormeur Rozmarynowicz, le nom de l’enquêteur Lunicorne, l’étudiant sexologue Kurkiewicz.

J’ai eu de la peine pour Léon Brand, le Job des souteneurs cracoviens, dont on apprend en fin d’ouvrage qu’il a réellement existé.

J’ai découvert le costume traditionnelle kontusz, une longue robe sans manche portée par les nobles en Pologne et Lituanie au XVIIe et XVIIIe siècles.

J’ai également appris l’existence de la dynastie royale Jagellon qui régna sur une partie de l’Europe de l’Est ; et me suis rappeler les uhlans (ces cavaliers mercenaires de l’armée de Prusse te de Pologne).

Ignacy m’a fait sourire avec sa manie de coller des coupures de presse dans son album et ses déboires en vélo.

J’ai également appris des synonymes de souteneur : barbiquet ou alphonse, entre autre.

Le godet avec protège moustache m’a surprise.

Enfin, j’ai appris que pour donner plus de goût à la confiture de prunes, il faut rajouter quelques morceaux de noix.

Je m’aperçois qu’avec tout ces détails, je ne vous ai pas parlé de l’intrigue : Zofia va devoir plonger dans le milieu interlope de la traite des femmes.

Encore une fois, j’ai aimé l’humour de la narration et Zofia, féministe qui s’ignore.

J’ai aimé que le crime, au départ qualifié de passionnel, cache en fait une vengeance sordide.

J’ai aimé que la résolution de cette affaire mineure, mais qui tient à coeur à Zofia, mette plus d’un an à être résolu : Zofia ne lâche jamais l’affaire.

Je dois avouer que je n’ai pas trouvé le coupable, tant la machination était sophistiquée.

J’ai aimé que derrière les fastes de l’Empire de François-Joseph il y ai des hommes et des femmes qui survivent comme ils peuvent. Et que le titre du rideau déchiré s’explique.

Enfin, tout au long de ma lecture, je me suis posée la question de la présence du Dr Jekyl et de Mr Hyde (Zofia lit cette histoire dans le journal) : dans l’enquête, qui pouvait bien être l’homme aux deux visages ?

Quelques citations :

le principe de Fredro selon lequel « la famille, soyez-en sûrs, ce sont aussi des humains, bien qu’ils soient parents. » (p.8)

… c’est un affront pour lequel on paye de son sang. – De son sang ? Parfait, dit Zofia en haussant la voix, mais pourquoi du sang d’une jeune fille sans défense, pourquoi ne s’est-il pas jeté sur cet ingénieur, avec son couteau ? C’est un adversaire plus digne. (p.63)

Mais l’idée que le premier freluquet venu, dépourvu d’éducation, puisse donner sa voix dans les élections au même titre que…. je ne sais pas… le comte Tarnowski ?! C’est vraiment contraire au bon sens… (p.99)

Le serf a été libéré de son maître, mais on a poussé la femme dans un servacge encore plus horrible. (p.179)

La saleté et le désordre cachés par la beauté des guirlandes. Le masque du simulacre posé sur une réalité hideuse. (p.305)

L’image que je retiendrai :

Celle du lait Pompadour bien mystérieux pour moi dont se tartine Zofia avant de sortir de chez elle.

Agullo, 30 mars 2023

Je remercie chaleureusement les éditions Agullo qui encore une fois m’ont fait confiance en me permettant de lire cette nouvelle enquête de Zofia en avant-première. Et de nouveau, je me suis régalée.

Une lecture qui s’insère dans le cadre du Mois de l’Europe de l’est

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