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Le soldat désaccordé – Gilles MARCHAND

De l’auteur, j’avais adoré Un funambule sur le sable. Je dois dire que je suis moins enthousiaste avec cette lecture.

Je commence par ce qui m’a déçu : l’histoire d’amour est un peu prévisible, et c’est bien dommage.

Mais j’ai aimé tout le reste : la plongée dans la guerre de 14-18 ; les témoignages des anciens combattants encore plein du bruit et de la fureur des bombes.

J’ai aimé le ton de la narration, parfois railleur (notamment à propos du Dakin, invention qui sauva des vies)  ; les trouvailles stylistiques.

J’ai aimé le leitmotiv de la jeune alsacienne qui cherche son amour sur les champs de bataille : « Je cherche un soldat, qui parle comme un poète, qui est beau comme un prince ».

J’ai découvert le rabbin des tranchées, que l’auteur a découvert grâce à une émission de radio.

J’ai souligné pleins de passages.

Quelques citations :

Je n’étais pas parti la fleur ua fusil. Je ne connais d’ailleurs personne qui l’ait vécu ainsi. L’image était certes jolie, mais elle ne reflétait pas la réalité.

J’ai pris un train et j’ai marché jusqu’à un joli petit village qui venait d’inaugurer un joli monument aux jolis morts de la jolie guerre.

En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ca swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça éléctroménageait, ça mistinguait. L’Art déco flamboyait, Paris s’amusait et s’insouciait. Coco chanéait, André bretonnait, Maurice chevaliait.

J’ai compris que même après la mort, il restait de l’amour. On ne sait pas quoi en faire, mais ça vaut le coup de se battre et de le nourrir.

Je repensai à un vieil officier qui m’avait dit un jour que les dates gravées sur une pierre tombale n’avaient pas de valeur en soi : ce qui comptait, c’était le trait d’union.

L’image que je retiendrai :

Celle de la légende la Fille de la Lune qui se promène la nuit sur le front et fait fi des bombes.

Forges de Vulcain, 19 août 2022, 208 pages

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