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Les Chants d’amour de Wood Place- Honorée Fanonne JEFFERS #RL2023

Comment vous parler de ce roman dense de 900 pages qui m’a happé pendant 3 jours ?

J’ai aimé Ailey, la narratrice, que l’on suit depuis son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. J’ai découvert petit à petit sa famille : sa mère, bien sûr ; son père au grand coeur ; sa soeur aînée Lydia et la seconde Coco.

Je l’ai vu grandir dans une famille aimante mais dans laquelle la couleur de la peau est un problème : certaines de ses aïeules, blanches de peau, ne vivent pas dans le même quartier.

J’ai détesté Gandee, l’un des grands-pères, qui fait du mal à ses petites filles, ce qui détruit Lydia l’aînée.

J’ai eu de la peine pour Lydia qui peine avec ses études mais, grâce à sa mémoire photographique, est capable de coudre une robe magnifique rien qu’en regardant l’envers d’un modèle.

J’ai adoré les leitmotivs : le café qui couperait la croissance des enfants ; la femme aux cheveux longs qui apparait dans les rêves ; le petit bonhomme Joe grâce à qui tout commence et qui revient au fil des années guider certains personnages ; les pêches toujours présentes dans cet état ; le père qui incline ses mains paumes vers le sol pour apaiser la discussion ; les bruits de pet avec la bouche quand le personnage désapprouve.

J’ai découvert l’érudit W.E.B. du Bois dont des passages d’ouvrage sont cités en début de parties.

J’ai aimé les « chants », ces passages sur les ancêtres d’Ailey qui m’ont éclairé sur les métissages avec les indiens, avant les lois raciales.

J’ai découvert que les enfants esclaves ne travaillaient pas avant que leurs dents de devant ne tombent.

J’ai aimé la bande son du roman, même si je ne connaissais pas forcément tous les artistes cités. Mais je connais celle qui passait le plus souvent : Aretha.

J’ai été révolté par les jeunes Amies de Samuel, le maître de la plantation, le fait que tout le monde savait mais ne pouvait rien faire.

J’ai adoré le pacanier, le même au fil des ans, comme un repère dans la propriété, un arbre rassurant pour différents personnages au fil des générations.

J’ai découvert le scuppernong, un cépage du sud des Etats-Unis issu du musact.

J’ai aimé la maison de la lune dans laquelle se retrouve les femmes quand elles ont leur saignement. Ces saignements ayant un pouvoir que craignent les hommes.

J’ai été sidéré de certains comportements masculins dans le roman, certains franchement violents.

J’ai été parfois un peu perdu au milieu de ces personnages qui ont tous un lien de parenté. Heureusement, il y a un arbre généalogique en début de roman, mais cela ne m’a pas gêné, je me suis laissée porter par les femmes du récit.

J’ai aimé ce roman féministe noir (comme le dit l’autrice en fin d’ouvrage) qui met en scène des personnages plus vrais que nature auquel je me suis attachés (j’ai même versé quelques larmes quand certains mourait). J’ai aimé cette fresque historique qui retrace la destinée d’une famille noire américaine de l’esclave à nos jours.

Quelques citations :

… c’était toujours de la faute de la femme. Personne ne blâmait véritablement l’homme ; il était du sexe faible, celui qui ne pouvait contrôler ses envies. (p.378)

Mais une fois qu’une femme avait donné un enfant à un homme, celui-ci avait le droit d’aller et veni dans l’existence de cette femme comme bon lui semblait. (p.523)

L’image que je retiendrai :

Il est beaucoup question de nourriture dans ce roman : le nombre de poulets frits se compte en kilos, sans parler des côtelettes et des pains de maïs. La palme revient à la tarte à la patate douce dont j’ai fini par perdre le compte entre celles que les personnages font ou s’échangent ou achètent ou mangent.

Les escales, 7 septembre 2023, 912 pages

je ermecie infiniment l’opération Masse critique de Babelio pour l’envoi de ce roman en avant-première. J’ai pu prendre le temps de l’apprécier pendant les vacances.

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