
Les enfants endormis – Anthony PASSERON
Un rappel des faits ? Un roman ? Difficile à dire, mais ce n’est pas cela qui importe.
Un livre très bien écrit que l’on ne lâche pas sur le SIDA.
Les chapitres alternent entre ceux rappelant les faits nationaux et internationaux concernant la découverte de la maladie, et ceux concernant la famille de l’auteur et plus particulièrement son oncle Désiré.
J’ai eu de la peine pour Désiré, enfant aîné chéri destiné à reprendre la boucherie familiale, premier à avoir son baccalauréat mais préférant chevaucher le dragon de l’héroïne.
Elle m’a agacée, la grand-mère du narrateur qui ne se rend compte de rien et nie jusqu’au bout la réalité, et, quelque part, son échec.
J’ai été passionnée par le rappel des recherches colossales entreprises pour tenter de soigner une population que personne ne prenait en compte.
Des chercheurs empathiques dont les patients avaient souvent le même âge qu’eux.
Des chercheurs qui travaillaient en équipe sur tout le territoire (sans Internet à l’époque) et qui étaient issus de plusieurs disciplines médicales.
J’ai aimé le prologue qui explique que ce livre pour sa famille est écrit pour leur montrer que la vie de Désiré s’était inscrite dans le chaos du monde, un chaos de faits historiques, géographiques et sociaux. Et les aider à se défaire de la peine, à sortir de la solitude dans laquelle le chagrin et la honte les avaient plongés.
Une lecture qui m’a parlé et dont j’ai aimé le regard et l’analyse sur les faits internationaux et les faits familiaux.
Une citation :
Le péché intime d’avoir voulu vivre une sexualité libre, eu des relations homosexuelles, de s’être injecté de l’héroïne en intraveineuse (…), d’avoir voulu satisfaire son désir d’enfants quand on se savait pourtant condamnée. Des malades étaient plus coupables que d’autres. (p.181)
L’image que je retiendrai :
Celle de Désiré et de sa femme Brigitte, au loin sur les photos de famille, maigres et édentés, mais pourtant toujours présents.
Editeur Globe, 25 août 2022, 288 pages

La nuit des pères - Gaëlle JOSSE

20 commentaires
Matatoune
Oh…je vais bientôt le finir . Tres belle chronique sur un récit qui le mérite tellement !
Alex-Mot-a-Mots
Merci pour le compliment. J’attends ton avis.
manou
Je ne sais pas si j’ai envie de lire sur le sujet du SIDA on en a tellement parlé durant ma vie de jeune adulte. Il y a eu des romans fabuleux à cette époque d’ailleurs, des romans bouleversants. Merci pour ta chronique
Alex-Mot-a-Mots
Et celui-ci fait partie des romans bouleversant.
keisha41
Hé oui, n pas oublier cette époque, où on ne savait rien ou pas grand chose de vrai sur cette maladie.
Alex-Mot-a-Mots
Et ce roman explique très bien les difficultés des scientifiques.
Kathel
Je compte bien le lire, ce roman… qui n’en est pas vraiment un. Sur le sida, il y a le magnifique N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell, mais je n’ai pas connaissance de tellement d’autres livres qui en parlent.
Alex-Mot-a-Mots
Oh oui, un roman magnifique également.
Choup
Voilà un roman qui a l’air formidable. Je ne crois pas avoir jamais lu de ce roman sur ce sujet, je le note donc. Merci!
Alex-Mot-a-Mots
J’espère qu’il croisera ta route et que tu aimeras autant que moi.
Aifelle
Je me souviens parfaitement de cette époque-là et du soulagement de certains en se pensant à l’abri parce qu’hétérosexuel … sans compter l’homophobie qui pouvait s’en donner à coeur joie. Je ne sais pas si j’ai envie de replonger là-dedans, mais je trouve bien qu’un jeune auteur d’aujourd’hui s’en empare d’une autre manière.
Alex-Mot-a-Mots
Et c’est très réussi.
mesechappeeslivresques
Après avoir été bouleversée par le roman de Jonas Gardell, je suis très tentée par celui-ci, d’autant plus qu’il semble faire l’unanimité.
Alex-Mot-a-Mots
Il est très différent, et c’est tant mieux.
Krol
J’aurais pu écrire la même chose que Kathel !
Alex-Mot-a-Mots
Celui-ci est très beau d’une autre manière que le magnifique N’essuie jamais de larmes sans gant.
Karine:)
Il fera partie de mes lectures de l’automne.
Alex-Mot-a-Mots
J’attends ton avis.
Hedwige
Il t’a vraiment plu ce livre et c’est un atout. Et puis je trouve nécessaire de parler encore de cette terrible maladie dont on ne parle quasi plus de nos jours, pourtant elle cause toujours des ravages
Alex-Mot-a-Mots
Tu as raison, elle cause encore des ravages, dont on ne parle qu’une fois par an.