En passant

Les Pêcheurs de perles de BIZET

Quelle mise en scène ! Quelles voix ! Quel travail d’artiste-peintre ! Une soirée de première magnifique.

Le décor et les costumes peuvent surprendre : très sombres, en nuances de gris tirant sur le noir. Des grands murs façon béton sur les 3 murs de scène, des accessoires industriels, et des pendus (ceux que l’on trouve dans les pièces dans lesquelles les mineurs se changeaient, et oui, nous sommes à l’Opéra de Saint-Etienne).

Ce décor très sombre permet des jeux de lumières magnifiques dans les actes II et III qui créés des atmosphères agressives ou plus intimistes. Bravo M. Castaingt – après 3 nominations au Molière pour la meilleure lumière, il ferait beau voir que vous ne décrochiez pas le titre avec cette mise en scène.

Dans ce décor évolue un artiste-peintre : Franck Chalendard, qui, par ses motifs décoratifs exécutés en même temps que l’action, créé en temps réel une oeuvre d’art. J’ai adoré assister à son travail en temps réel. Mais j’ai regretté de ne pouvoir en garder trace une fois le spectacle terminé.

C’est la première fois que j’assiste à deux oeuvres d’art en train de ce créer en même temps. C’est une volonté, bien sûr, du metteur en scène qui souhaite que le théâtre soit un espace d’invention et de partage, un art collectif qui permet chaque fois de renouveler le dialogue afin « de vivre et d’inventer ensemble ».

Concernant les costumes, j’ai adoré la seule touche de couleur : celle de Leïla (seule soliste également) en longue robe rose à la traine fleurie et scintillante.

Parlons maintenant des voix : magnifiques, bien sûr. Et j’ai aimé que le chef d’orchestre laisse à chacune d’elle des silences pour qu’elles puissent exprimer leur virtuosité.

Un chef d’orchestre qui maitrise la partition, ayant souvent eu l’occasion de la jouer, ce qui est plutôt rare pour cet opéra.

Car Les Pêcheurs de perles est l’opéra mal-aimé de Bizet : on lui reproche un livret trop faible et une histoire trop simple. Mais le compositeur a pourtant mis tout son talent au service de cet oeuvre injustement boudée.

Bien sûr, le merveilleux air de Nadir a été parfaitement chanté avec beaucoup de justesse d’interprétation.

Le choeur, dans cet opéra, a beaucoup de place et j’ai souri chaque fois que revenait le nom du Dieu Brahma. J’ai fini par perdre le compte…

Bref, j’ai aimé ce rêve d’Orient magnifiquement transposé et sublimé dans les corons.

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