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Monsieur Proust – Céleste ALBARET

Souvenirs recueillis par Georges Belmont.

En début de livre, Georges Belmont précise que les souvenirs de Céleste ne pourrait être mis en défaut tant il a vérifié et recoupé avec elle ce qui allait être porté sur le papier.

Que de souvenirs elle a, Céleste, la modeste jeune mariée qui entre au service de l’écrivain à peine arrivée à Paris.

Elle se coule vite dans le moule imposé par le malade tyrannique et le comprend très vite à demi-mot.

Elle devient sa « femme de confiance » qui fait barrage aux importuns, qui porte ses lettres en pleine nuit, et qui vit à son rythme nocturne.

De nombreuses photos sont insérées dans le récit, nous faisant un peu plus entrer dans l’intimité de l’alité asthmatique.

J’ai été étonnée que M. Proust, comme l’appelle Céleste, lui raconte ses soirées à son retour. Ils rient ensemble des travers de certains, Céleste finissant par les connaître au travers des portraits de Marcel.

Je me suis même demandée si l’auteur, grâce à Céleste, ne commençait pas par « passer son oeuvre au gueuloir » tel Flaubert.

J’ai aimé découvrir l’époque du « camélia » de Marcel, même si Céleste ne l’a pas connu, qui n’est arrivée qu’après à son service.

J’ai découvert un écrivain qui s’était littéralement tué à la tâche, s’enfermant chez lui. Mais aussi un être hypocondriaque qui touchait rarement aux objets dont il avait besoin, qui avait toujours froid et dont les crises d’asthme étaient redoutables.

Et quelle émotion au récit de la mort de celui qui était resté le Petit Marcel de son petit frère.

Merci, chère Céleste, de nous avoir fait partager un peu de vos « nuits enchantées » passées avec le Grand Ecrivain.

L’image que je retiendrai :

Celle des deux croissants que Céleste lui apportait comme seule nourriture avec un café passé de façon spéciale pour lui, après ses fumigations.

Quelques citations :

Et il avait un sourire si triste que j’ai bien senti que les larmes venaient surtout de cela – de cette constatation que, même si on ne guérit pas de ses plus grands chagrins, on y survit toujours. (p.171)

Parce que, Céleste, les paradis perdus, il n’y a qu’en soi qu’on les retrouve. (p.183)

Tel qu’il était en son entier, je l’ai aimé, subi, et savouré. (p.228)

Robert Laffont, 1 septembre 1973, 454 pages

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