Un espion en Canaan – David PARK
En refermant ce roman, je me suis demandée où voulait en venir l’auteur. Et puis j’ai pris le récit par la fin, et tout s’éclaire.
Canaan désigne la Terre Promise, alors pourquoi commencer avec une histoire d’espionnage dans son propre camp pendant la débâcle du Vietnam ?
Le personnage principal n’est pas le narrateur, gratte papier de la CIA dans les bureaux de Saïgon, mais son recruteur Donovan.
De Donovan, nous saurons peu de choses, si ce n’est qu’il est marié au pays mais a une liaison avec la jeune Tuyen.
J’ai aimé la logeuse de Michael le narrateur, Mme Binh qui prophétise à tous ses logés la même chose : ils ne pourront oublier le Vietnam et n’auront que des filles.
Il n’y a que deux grands mouvements dans ce roman : au Vietnam et à la frontière avec le Mexique de nos jours. Mais chaque début de partie, Michael nous raconte que lorsqu’il était enfant, il souhaitait que son père badigeonne de sang les portes pour que l’ange destructeur épargne sa famille.
Cette histoire biblique, je l’ai prise comme une volonté du peuple américain de ne pas être détruit par les hordes de migrants sensées les grands-remplacés. Une façon de se prémunir contre l’inconnu qui fait peur. Seule la méthode à changer : un mur est construit. Mais le sang est toujours versé.
Vous l’aurez compris, un roman au message politique contre une Amérique qui se barricade et qui n’accueille plus en son sein, comme elle avait déjà abandonné les vietnamiens qui l’avaient aidé en d’autres temps.
Une citation :
J’étais frappé – et je le suis encore – par la quantité d’énergie qui a dû être dépensée dans ce monde fragmenté d’intérêts divergents et de luttes de pouvoir. Que nous soyons engagés dans les dernières affres d’une guerre extrêmement coûteuse en vies humaines n’y changeait rien : il n’y avait pas d’unité en termes d’objectifs politiques ou militaires, et on laissait de fortes personnalités ainsi que des centres de pouvoir continuer à imposer une lecture des événements inspirée de leur unique point de vue ou dictée par leurs intérêts particuliers. (p.87)
L’image que je retiendrai :
Celles des documents et des vêtements brûlés sur les toits de Saïgon, entrainant des nuages de neige noir.
Table ronde, 4 janvier 2024, 240 pages
20 commentaires
keisha41
J’ignore si j’aurais aussi bien compris que toi cette histoire?
Sacha
La couverture laisse imaginer une tout autre histoire… Le parallèle entre le passé et le présent est intéressant.
Alex-Mot-a-Mots
J’ai en effet été dérouté par la première partie, bien loin de la couverture.
Alex-Mot-a-Mots
J’ai lu un article du Monde de ce vendredi dans lequel le journaliste met l’accent sur une autre partie de l’histoire. Un roman riche.
Light And Smell
Un message politique fort…
Alex-Mot-a-Mots
Surtout en ce moment.
je lis je blogue
Je me suis dit, au début, que la couverture n’avait pas grand chose à voir avec l’histoire dont une bonne partie se déroule au Vietnam … mais il y a un second volet de l’intrigue qui se déroule à la frontière mexicaine (si j’ai bien compris) ?
Alex-Mot-a-Mots
C’est ça, tu as compris. j’ai en effet été dérouté avec cette première partie vietnamienne.
Collectif Polar : chronique de nuit
J’ai envie de le découvrir aussi !
Alex-Mot-a-Mots
J’attends ton avis – un jour 😉
Collectif Polar : chronique de nuit
Un jour ou pas, rhaaa :-/
kathel
Je pense découvrir l’auteur avec son premier roman d’abord (Voyage en territoire inconnu) qui me plairait plus, je crois…
Alex-Mot-a-Mots
J’attends ton avis sur son premier roman, dans ce cas.
Aifelle
Ça a l’air un peu compliqué au premier abord. Je ne sais pas si j’arriverais à rentrer dans une histoire comme celle-là.
Alex-Mot-a-Mots
Je n’apprécie pas les histories d’espionnage, ni en livre, ni en film, mais j’ai aimé ces espions qui ne sont pas flamboyant, plutôt des rouages du système.
Carfax
bonjour, comment vas tu? merci pour ton avis. passe un bon lundi et à bientôt!
manou
Voilà un auteur que je ne connais pas et un roman un peu déroutant et complexe, mais tu titilles comme souvent ma curiosité. A voir donc
Alex-Mot-a-Mots
Déroutant oui, complexe non. Une lecture avec des personnages énigmatiques.
Fanja
Un roman qui fait cogiter visiblement.:) Des fois, quand je ne trouve pas de sens immédiat ou clair à ce que je viens de lire, j’y reviens jusqu’à trouver une explication qui me satisfait, même si elle n’est pas la bonne.
Alex-Mot-a-Mots
Une explication qui n’est peut-être pas celle de l’auteur, mais qui m’est propre, c’est ce qui compte : que le roman me parle d’une façon ou d’une autre.