Un paquebot dans les arbres – Valentine GOBY
Actes Sud Editions, 17 août 2016, 268 pages
Présentation de l’éditeur :
À la fin des années 1950, Mathilde, adolescente, voit partir son père puis sa mère pour le sanatorium d’Aincourt. Commerçants, ils tenaient le café de La Roche-Guyon. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant laisse alors ses deux plus jeunes enfants dans la misère. Car à l’aube des années 1960, la Sécurité sociale ne protège que les salariés et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui, par insouciance, méconnaissance ou dénuement ne sont pas soignés à temps. Petite mère courage, Mathilde va se battre pour sortir ceux qu’elle aime du sanatorium, ce grand paquebot blanc niché dans les arbres, où se reposent et s’aiment ceux que l’enfance ne peut tolérer autrement qu’invincibles.
Mon avis :
Je retrouve la plume de Valentine Goby, parfois sèche, mais avec un tel pouvoir d’évocation.
L’enfermement, cette fois-ci, est celui de la misère. Celle des années 50-60 en France, sans protection sociale encore balbutiante.
La générosité des parents jamais récompensée ; le dévouement jusqu’à l’extrême de la seconde fille qui cherche inlassablement le regard du père qui jamais ne viendra.
La mère, amoureuse aveugle de son mari ; la fille aînée qui se protège en s’éloignant et construisant sa propre famille.
Et puis l’argent qui manque, tout le temps ; la maladie, insidieuse et silencieuse, qui finit par marquer le corps, et le détruire.
Une plongée dans les années 50-60, où l’on buvait jusqu’à plus soif, où l’on fumait dans un sanatorium même avec un poumon en moins.
J’ai aimé retrouver les pointes de couleur jaune dans le texte, celles qui ont sauvé Mathilde quand elle n’avait plus rien à manger, et qui ont sauvé son premier emploi.
Le paquebot, lui, m’a moins parlé : trop peu présent physiquement, sans doute.
En revanche, j’ai trouvé les Evénements d’Algérie trop présent en fin de roman. Une comparaison un peu trop appuyée à mon goût.
Il n’en demeure pas moins que je lirai les prochains romans de cette auteure qui sait créer un univers différent à chaque roman tout en continuant de nous parler du corps.
L’image que je retiendrai :
Celle de la maison familiale que Mathilde habite de nouveau malgré les scellés.
30 commentaires
Eve-Yeshé
j’ai bien aimé ce livre.
j’avais déjà beaucoup apprécié « Kinderzimmer » de cette auteure que je ne perd pas de vue depuis.
Alex-Mot-a-Mots
Tout comme moi.
keisha41
Ce qui me gêne (oui, les détails idiots) c’est que le prénom Mathilde était extrêmement peu répandu à ce moment là.
Alex-Mot-a-Mots
Je n’avais pas noté ce détail. Des parents avant-gardistes, sans doute, dans ce roman.
keisha41
Il y a un passage sur la signification du prénom, qui a sans doute suscité le choix de l’auteur (parce que avec Annie et jacques, les parents ne s’étaient pas mouillés dans l’avant garde! et puis si le père voulait un garçon, il aurait dû l’appeler Claude ou Dominique, non? ^_^)
Alex-Mot-a-Mots
Ou Paule ou Emmanuelle, tu as raison, il y en a tellement de prénoms mixtes.
mary61
J’ai beaucoup aimé ce livre, surtout à cause du personnage de Mathilde qui se bat envers et contre tous, ne trouvant que de rares alliés dans son combat, mais ne cédant sur rien. Sachant que cette histoire est réelle, je pense que cette dame est toujours vivante et je lui tire mon chapeau !
Alex-Mot-a-Mots
Une sacrée vie que la sienne, en effet.
Nadine
Si tu savais comme je me meurs de découvrir ce roman!
Quelques réticences chez toi mais il faut absolument que je le lise…
Bisous
Alex-Mot-a-Mots
Je n’ai pas été pleinement convaincu, il est vrai. Mais une lecture que j’ai apprécié tout de même.
noukette
Un de mes coups de coeur de l’année dernière !
Alex-Mot-a-Mots
Pas un coup de coeur, mais j’ai passé un bon moment.
aifelle
J’ai beaucoup aimé ce roman, qui m’a donné envie de continuer avec l’auteure.
Alex-Mot-a-Mots
Tu n’avais pas lu Kinderzimmer ?
aifelle
Non. J’avais été déçue par « Banquise », je n’avais pas très envie de la relire.
Alex-Mot-a-Mots
Moi aussi, je n’avais pas aimé du tout Banquise, il m’était tombé des mains. J’hésitais, depuis, à la relire. Mais finalement, ce dernier n’est pas mal.
Melliane
ça doit etre intéressant de voir les univers différents !
Alex-Mot-a-Mots
Exactement, c’est ce que j’apprécie.
Jerome
C’est vrai que l’évocation des « événements » d’Algérie n’est pas la meilleure partie du roman mais ça restera une de mes plus belles lectures de la rentrée littéraire.
Alex-Mot-a-Mots
J’ai été agréablement surprise par cette lecture, en effet.
lorouge
Moi j’ai vraiment adoré cette lecture, mais il faut dire que c’était le premier roman que je lisais de cette autrice et j’ai été vraiment agréablement surprise par son style que j’ai vraiment apprécié :0) Je rajoute ton billet avec les autres (tentations 2016 septembre)
Alex-Mot-a-Mots
Il me semblait avoir lu un très bon avis chez toi.
lorouge
J’en avais parlé succinctement (mais avec enthousiasme :0) dans un de mes suivis RAT, c’est sans doute ce dont tu te rappelais ;0) Mais il fait parti de mon top littérature de mon année 2016 ( billet à venir dans les jours à venir) et le billet est un brouillon et devrait donc être publié rapidement aussi ;0)
valmleslivres
Je suis d’accord avec toi pour l’Algérie, le lien avec le reste m’a semblé peu naturel.
Alex-Mot-a-Mots
A toi aussi. Je me sens moins seule.
La chèvre grise
Je ne suis pas tentée cette fois, surement parce que j’ai envie de lecture plus divertissante. Pourtant, « Kinderzimmer » m’avait fait forte impression.
Alex-Mot-a-Mots
Le sujet est tout de même lourd.
Corentine
J’ai seulement lu Banquises de cette écrivain, qui ne m’a pas transcendée plus que ça.
Mais je serais curieuse de lire autre chose d’elle…
Alex-Mot-a-Mots
Banquise m’était littéralement tombé des mains. J’ai, de loin, préféré celui-ci.
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