
Une pluie de septembre – Anna BAILEY
Disons-le tout de suite, cette lecture m’a mis mal à l’aise à cause de la violence omniprésente : un père qui bat femme et enfants, un pasteur qui appelle à la haine, un employeur raciste, des ados qui boivent pour oublier, des adultes qui se taisent, un jardin rempli de petits os de mammifères.
J’ai eu du mal à cerner Abigail, la jeune fille qui disparait une nuit de septembre dans la petite ville de Whistling Ridge dans le Colorado.
J’ai eu de la peine pour ses frères : Noah l’aîné qui n’a pas pu partir à la fac, et Jude le dernier à la jambe cassée. Leur mère m’a énervé à cause de sa mollesse.
Bien sûr, j’ai détesté le père, revenu du Vietnam bien abîmé, qui se complait dans un culte chrétien adapté à sa petite personne dans lequel il décide qui doit faire quoi ; son reproche omniprésent envers les autres de na pas avoir le cran ; son enfance sous la coupe de sa mère ogresse, ses coups de pieds dans l’arrière des chevilles de sa femme. Bref, un homme qui cherche à faire mal parce qu’il souffre lui-même beaucoup sans le comprendre.
J’ai aimé Rat, le jeune roumain venu d’Angleterre qui habite dans le village des caravanes, un peu en marge. J’ai aimé qu’il appelle les filles Draguta : mignonne.
Je n’ai pas aimé le shériff de la ville que j’ai trouvé bien mollasson.
Et je n’ai pas aimé non plus le gros employeur de la ville qui semble diriger tout le monde en sous-main.
Et pourtant, malgré tous ces personnages détestables, j’ai suivi avec passion cette étrange disparition : avant et après, les deux temporalités s’entremêlant tout au long du récit.
J’ai soupçonné tour à tour à peu près tous les hommes du village, imaginant même qu’Abigail n’était pas morte, mais j’ai été scotché par le coupable.
Un roman noir sur le racisme et la foi dans une petite ville américaine.
Quelques citations :
mais les hommes, on leur laisse le droit de grandir avec la certitude que le monde leur appartient, tandis que les femmes n’ont pas cette option. Alors quand vient la quarantaine, ils se demandent pourquoi la promesse ne s’est pas encore réalisée et, si une femme a le malheur de se trouver sur leur chemin, elle en prend plein la figure. (p.104)
de ces gens tellement furieux que Jésus ne les change pas en vin. (p.260)
Dieu, il vient toujours à point pour pardonner aux hommes les horreurs qu’ils font aux femmes. Mais Il n’empêche jamais que les femmes les endurent, ces horreurs. (p.346)
L’image que je retiendrai :
Celle de la croix couverte de pierreries qui cache le trou dans le mur fait par le poing du père.
Sonatine, 7 octobre 2021, 408 pages

Un simple enquêteur - Dror MISHANI

30 commentaires
Matatoune
Peut-être un peu trop violent pour moi !
Alex-Mot-a-Mots
Je peux comprendre.
keisha41
Pas trop envie de violence…
Alex-Mot-a-Mots
Je peux comprendre. Je ne m’attendais pas à autant de violence dans cette lecture.
Athalie
La violence, quand elle justifiée par le récit, ça passe … Mais là, à te lire, je ne sais pas … Elle semble hyperbolique quand même.
Alex-Mot-a-Mots
Oui, elle touche tout le monde pour différentes raisons.
je lis je blogue
ouh là ! La violence omniprésente, la mollesse de la mère… ça fait beaucoup pour moi
Alex-Mot-a-Mots
Ca fait en effet un peu beaucoup dans cette lecture.
ToursEtCulture
je crois que cela m’aurait dérangée aussi
Alex-Mot-a-Mots
Je ne m’attendais pas à une telle dose.
PLK
je note à lire entre deux lectures douces ?
Alex-Mot-a-Mots
Et en étant prévenu.
Hedwige
Il y a malgré tout tellement de « je n’ai pas aimé » parfaitement justifiés que je ne pense pas lire ce roman. Merci d’avoir partagé ton avis, Alex !
Alex-Mot-a-Mots
J’avais pourtant lu des avis enthousiastes….
Aifelle
La barque est chargée ! Je n’ai pas trop envie de me lancer dans une énième histoire de violence.
Alex-Mot-a-Mots
Je te comprends parfaitement.
Florinette
Je passe également. Bon dimanche Alex, bisous
Alex-Mot-a-Mots
Merci de ton passage.
Bonne semaine à toi.
Bises
Violette
tu est très partagée au final… comme les autres : violences à gogo bof bof…
Alex-Mot-a-Mots
Je comprends parfaitement, ça a été trop pour moi également.
manou
A voir donc… car je te sens mitigée sur ce coup là, ça fait peut-être un peu trop de violence non ?
Alex-Mot-a-Mots
Un peu trop, en effet. J’ai été désagréablement surprise.
Carfax
bonjour, comment vas tu? idem, pas sure d’apprécier ce type de lecture. passe un bon lundi et à bientôt!
Alex-Mot-a-Mots
Bonne semaine à toi.
Laura
Ne me jetez pas la pierre mais ça m’intrigue ces personnages détestables, ce mystere autour de cette disparition ce petit village Américain ! L’ambiance peut être glauque à souhait et ce roman pourrait me plaire ! Je me note
Alex-Mot-a-Mots
Dans ce cas, je pense qu’il te plaira.
gambadou
ouch, trop violent pour moi
Alex-Mot-a-Mots
Je ne m’attendais pas à autant de violence partout, en effet.
Cassandre
J’ai trouvé que ce roman manquait parfois de fluidité et qu’il y avait de nombreuses répétitions qui alourdissent un peu l’histoire. Malgré des petits points négatifs, j’ai aimé cette immersion dans l’Amérique profonde et ses dérives sectaires.
Alex-Mot-a-Mots
Une immersion violente, il faut dire.